Plutôt que de contextualiser les textes plein de sensualité de la poétesse belge Josiane Hubert, les images numériques de Jacqueline Fischer proposent des interpénétrations dans tout un jeu de variations. Elles épousent celui du désir et de l’amour que suggère le texte. Mais sa créatrice ne les confond pas : « L’un n’existe pas sans l’autre mais chacun reste unique dans sa splendeur ». Parce que laconique, le texte est pénétrant tout comme les images vectrices de signes et significations. Le tout selon une évolution qui ouvre à la compréhension de la vie selon deux créatrices dont la qualité du faire cherche toujours la simplicité. Le texte ouvre à des possibilités figuratives. Les images à un imaginaire plus abstrait. Mais, dans les deux cas, le pur énoncé et la conscience imageante créent des complexités et des complémentarités.
Sourdement, une révolte gronde pour la lutte pour la vie et contre le peu qu’on en fait. Texte et images deviennent les contenants de tout un flux humain. Ils restent un miroir aussi terrible qu’ironique de l’expérience existentielle. Les propositions plastiques ne se situent pas en dévers du texte : elles introduisent un second degré très puissant. Les images s’enfoncent et surgissent en devenant des globules en suspension, des molécules retournées, des modules faussement « neutres » là où les mots créent une force émotionnelle inattendue.
Surgit une poésie aussi évidente que décalée, aussi paradoxale que critique. Réduite à sa plus simple expression, elle fait résonner d’intensités inconnues les couloirs qui mènent jusqu’au port : l’ayant atteint, plutôt que de monter dans les containers du temps il s’agit d’embarquer dans cette nef des « folles » qui se refusent à l’état de fait de la postmodernité.
jean-paul gavard-perret
Josiane Hubert & Jacqueline Fischer, Chambre d’échos, , Vincent Rougier editeur, coll. Ficelle, Soliogny la Trappe, 2015, 32 p. — 9,00 €.