Installé à Cordes depuis plus d’une dizaine d’années, le poète surréaliste Paul Sanda trouve là moins un refuge qu’un lieu où les éléments symboliques et vitaux se rejoignent et où Réel et conscience, au milieu de leurs contradiction,s retrouvent certains assemblages par delà les simples oppositions de blanc et de noir, du négatif et du positif.
A la recherche du mystère du Réel, Sanda reste sur un chemin de gnose par une conscience toujours en éveil. Elle s’exerce sur tous les registres de la pensée et de l’inconscient qui la nourrit. Cassant les idoles, détruisant leur vanité, l’auteur gratte le Mal afin qu’en surgisse — le cas échéant — une certaine lumière.
Toutefois, le poète ne se perd pas dans l’hermétisme : sans cesse — comme le livre de Torri l’indique –, il l’ouvre et le désembue tant que faire se peut. Il procède de même avec le réel qu’il « égruge jusqu’à l’os et n’en fait plus palpiter que le sel rouge, pulser que les feux mercuriels ».
Une telle poésie embrasse tout : le fond comme le ciel, l’âme et le sexe, ses sucs et ses nectars. Cherchant à réunir ce qui est séparé, Paul Sanda, conscient de cette séparation, retisse dans son œuvre l’être à son désir. Certes, cette réconciliation est toujours provisoire mais elle permet au poème de se poursuivre et au poète de vivre.
jean-paul gavard-perret
Serge Torri, L’ouvert hermétique de Paul Sanda, coéditions Editinter et Rafael de Surtis, 2015, 126 p. - 19,00 €.