Il existe divers moyens de transgresser l’image comme l’existence de la Grèce. Exit ici la crise ou les Elytisseries en usage. Guillaume Decourt déplace les deux axes non pour forcément les esquiver mais pour les faire dériver vers une autre vérité où — pour reprendre un titre célèbre — le pays comme son conteur reste « la matière de ses rêves ». Mais qu’on s’entende bien sur ce terme. Il ne s’agit pas de postulations improbables : juste des spéculations dites mineures sur le quotidien. Le tout avec un humour quasi constant chez celui qui, amoureux de la Grèce, n’a pas faire d’effort pour apprendre la langue :
« J’ai la paresse dans les fondements
Et je me contente des sédiments
Vocabulaire glané sur le port
Avec un air de touriste allemand ».
Mais on en restera là pour ce qu’il en est du conflit entre Merkel et Sipras. Car l’auteur à mieux à faire : entre autres de jouir
« encore sur le ventre
De l’amante – ou sur le dos c’est selon ».
Là reste la vraie sagesse du flâneur des rives. A la Grèce de Miller fait place celle de Decourt comme le souligne l’auteur lui-même. Il dit n’y avoir pas choisi le soleil mais c’est dans une taverne que sa vie qui le tourmente reste un moment en paix en lui rappelant qu’elle trouve là « l’excuse de ne rien prouver ». Ce qui est — malgré tout — reposant pour celui dont la coquetterie demeure une vertu cardinale et qui, en dépit des fritures à l’huile d’olive du pays, tente de garder la ligne générale.
jean-paul gavard-perret
Guillaume Decourt, Les heures grecques, Lanskine, 2015, Paris, 12,00 €.
Un livre absolument superbe. De somptueux dizains.
Un grand poète.
Outre d’être un lecteur de poésie je m’intéresse particulièrement à la “Grécité”