Dans les accords perdus de corps perdus, Céline Guichard ( photo d’Alain François ci-contre) crée des connexions physiques étranges. Pas question de faire du « joli » : il s’agit de proposer des visions drôles, sensuelles mais aussi rugueuses et cruelles du corps par le dessin. Ce dernier demeure l’arme idéale pour saisir circonvolutions et involutions. Entre le noir et le blanc, c’est la guerre : pour le seul bénéfice du trouble au gré des dévoilements éloignés de tous standards là où semble « plié » le sort du corps sans que les formes en donnent la clé.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Une demi-baguette beurre confiture avec un grand bol de thé Earl Grey.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
La réalité : je dessine.
A quoi avez-vous renoncé ?
À renoncer!
D’où venez-vous ?
Un petit bourg en Charente Maritime, Mirambeau.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
J’ai une grande familiarité avec les choses mortes, les animaux morts, la viande, les carcasses, les têtes coupées de veau de poulets, le sang… Mon père était boucher et mes grands parents maternels agriculteurs. La nature : j’avais la liberté d’aller et venir dans la campagne, avec comme terrain de jeux les collines, les ruisseaux, les chemins, les champs, les bois.
Qu’avez vous dû « plaquer” pour votre travail ?
Rien.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Un tour de vélo !
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je ne sais pas, je ne suis pas la bonne personne pour répondre à cette question.
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Les images des magazines érotiques de mes parents.
Et votre première lecture ? Les Exploits de Fantômette.
Pourquoi votre attirances vers les « déconstructions » du corps féminin ?
Pour moi, mes corps ne sont pas déconstruits, mais une réalité. J’observe les gens et les corps ont des proportions parfois totalement extravagantes, si si ! Homme et femmes confondus.
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’écoute un peu de tout, vraiment. Je ne suis pas particulièrement mélomane.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Les nouvelles » de Katherine Mansfield.
Quel film vous fait pleurer ?
Peut-être « Breaking the waves » de lars van Trier. Mais pas vraiment… Je pleure très très rarement devant un film.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un clown de 45 ans
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À personne.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Rome
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
J’ai peut-être des bouts d’affinités avec beaucoup d’Artistes, mais s’il faut en citer quelques uns je dirais : Diane Arbus, Goya, Pierre Klossowski.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
J’aimerais recevoir un cadeau. Du parfum par exemple, j’en ai plus !
Que défendez-vous ?
Je suis très sensible à l’injustice, alors je dirais la justice.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Ca m’inspire pas grand chose en fait…
Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Mouais…ça m’inspire pas plus. Ha ha ha !
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Et sinon, comment ça va ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 17 septembre 2015
Pingback: Interview-Portrait / par Jean-Paul Gavard Perret / sept 2015. - Céline Guichard