Entretien avec Jasper Fforde (L’Affaire Jane Eyre)

Jasper Fforde, l’auteur de L’Affaire Jane Eyre, entrouvre pour nous les portes des cou­lisses de son roman…
© Mari Roberts

T
els les Trans­ter­restres [membres d’une société secrète dans L’Affaire Jane Eyre, Ndr] attra­pant les météo­rites de pas­sage, Jas­per Fforde s’est long­temps amusé à sai­sir au vol les idées qui lui pas­saient par la tête. Jusqu’au jour où il a cessé de se bor­ner à les accu­mu­ler en de jolis tas lithiques pour les orga­ni­ser en œuvres lit­té­raires. L’Affaire Jane Eyre est la pre­mière à être publiée. Roman mul­ti­phasé un peu fou, il a demandé quatre années de tra­vail à son auteur avant de revê­tir la forme sous laquelle on peut le lire aujourd’hui. Une “affaire” bien sin­gu­lière ma foi dont Jas­per Fforde a bien voulu nous expli­quer cer­tains aspects. C’est en quelque sorte le making of de son livre qu’il nous offre — des pro­pos qui, loin de déflo­rer le récit, le lus­trent comme ferait un chif­fon de laine passé d’un bras éner­gique sur une antique com­mode de bois dûment encaus­ti­quée…

Com­ment vous présenteriez-vous aux lec­teurs fran­çais ?
Jas­per Fforde :

Oh, voilà une ques­tion déli­cate… À vrai dire, main­te­nant que mon livre a été tra­duit en plu­sieurs langues, j’aurais ten­dance à pen­ser que tous les lec­teurs, à tra­vers le monde, se res­semblent, et donc je leur dirais à tous, quel que soit le pays où ils vivent, que L’Affaire Jane Eyre est un hymne à la lec­ture et à l’art de racon­ter des his­toires. Et j’espère que tous ceux qui le liront y trou­ve­ront du plai­sir. L’aventure de ce livre a été assez inat­ten­due. Quand je l’ai écrit, je n’espérais pas du tout être lu hors d’Angleterre. Je ne pen­sais d’ailleurs même pas être publié en Angle­terre, car avant L’Affaire Jane Eyre, j’avais déjà écrit deux livres, qui tous ont été refu­sés. Alors quand on m’a annoncé que j’allais être publié, j’en suis tombé par terre ! et quand les Amé­ri­cains ont dit qu’ils vou­laient ache­ter les droits du livre, eh bien… je ne suis pas tombé par terre pour la bonne rai­son que j’étais déjà étendu au sol ! puis quand je me suis rendu compte que mon livre inté­res­sait aussi les Japo­nais, les Coréens, les Alle­mands, les Fran­çais… là j’ai renoncé à me mon­trer surpris.

 

Pourrait-on dire qu’il y a deux manières de consi­dé­rer votre livre ? D’une part comme une œuvre lit­té­raire clas­sique sus­cep­tible d’être tra­duite comme n’importe quel roman, et d’autre part comme un sys­tème de réfé­rences lit­té­raires qui deman­de­rait à être trans­posé en fonc­tion des lit­té­ra­tures propres à chaque pays ?
Pour­quoi pas, mais là, c’est le rôle de gens comme Roxane [Roxane Azimi est la tra­duc­trice de L’Affaire Jane Eyre en fran­çais. Ndr] de faire en sorte que cela marche ! par exemple, j’ignore com­ment cela a fonc­tionné au Japon — et je ne le sau­rais jamais puisque, ne connais­sant pas le japo­nais, je ne suis pas en mesure de lire mon livre tra­duit en japo­nais. Tou­jours est-il que les Japo­nais ont une connais­sance très appro­fon­die de la lit­té­ra­ture anglaise ; ce sont des fans de Brontë et de Dickens donc je suis à peu près sûr qu’ils vont d’emblée sai­sir toutes les réfé­rences. En anglais, en tout cas, j’ai écrit ce livre de telle sorte qu’il soit acces­sible à un très grand nombre de lec­teurs mais de dif­fé­rentes manières ; ainsi un lec­teur de quinze ans le lira comme un thril­ler, avec quelques jeux de mots par-ci par-là, tan­dis qu’une per­sonne de soixante-dix ans, qui aura lu davan­tage, com­pren­dra beau­coup plus de réfé­rences et aura donc une lec­ture plus “éru­dite” du roman. On peut lire le roman en étant jeune, et le relire plus tard avec un œil neuf parce que la matu­rité lit­té­raire acquise per­met­tra de l’aborder dif­fé­rem­ment. J’aimais l’idée d’écrire un livre à plu­sieurs niveaux, lisible par un lec­to­rat très étendu mais qui ait suf­fi­sam­ment de richesses pour paraître dif­fé­rent d’un lec­teur à l’autre.
 
Le roman est écrit à la pre­mière per­sonne — c’est Thurs­day Next qui s’exprime. Pour­quoi avoir pré­féré ce point de vue à celui du nar­ra­teur externe ?
Quand j’ai com­mencé à écrire ce roman, il était à la troi­sième per­sonne. Il était aussi très dif­fé­rent, beau­coup plus sombre. Ainsi Thurs­day avait-elle un sens de l’humour beau­coup moins déve­loppé que dans la ver­sion finale, et le texte n’était pas aussi riche en allu­sions et clins d’œil comiques. Mais je m’identifiais aux per­son­nages, sur­tout à celui de Thurs­day, que j’aimais tout par­ti­cu­liè­re­ment. Et j’avais le sen­ti­ment que je ne l’expliquais pas suf­fi­sam­ment aux lec­teurs. J’ai donc voulu aller plus loin dans son inté­rio­rité, et un jour j’ai décidé de rédi­ger le roman à la pre­mière per­sonne. Dans les trois mois qui ont suivi, j’ai tra­vaillé à cette trans­crip­tion de la troi­sième à la pre­mière per­sonne. Cette déci­sion m’a amené à chan­ger beau­coup de choses. Par exemple j’ai eu recours à ces têtes de cha­pitre, qui sont cen­sées pro­ve­nir de livres publiés long­temps après les évé­ne­ments racon­tés : c’est un excellent moyen de conden­ser des infor­ma­tions indis­pen­sables qu’il aurait été très dif­fi­cile d’injecter dans un récit à la pre­mière per­sonne. J’ai aussi dû rema­nier ce cha­pitre où elle ren­contre Aché­ron Hadès pour la pre­mière fois. A l’origine, le texte était écrit de trois points de vue dif­fé­rents. Mais dans un récit à la pre­mière per­sonne, il était impos­sible de conser­ver cette forme, le cha­pitre tel qu’il se pré­sente aujourd’hui est donc raconté rétros­pec­ti­ve­ment. Voilà com­ment j’ai contourné le pro­blème du chan­ge­ment de personne.

 

Vous évo­quez beau­coup le pro­blème de l’identité de Sha­kes­peare dans votre roman et vous don­nez même une expli­ca­tion à l’origine de ses pièces. Quelle est votre posi­tion par rap­port à cette ques­tion qui ali­mente bien des débats ?
En fait, la solu­tion que je donne dans mon roman est tout aussi ridi­cule que les thèses qui attri­buent les pièces de Sha­kes­peare à Oxford, ou à Bacon. Tout ce qui a été écrit à pro­pos de Sha­kes­peare relève du sno­bisme intel­lec­tuel. Il n’y a rien en lit­té­ra­ture occi­den­tale qui égale l’œuvre de Sha­kes­peare ; celui-ci fait un peu figure de super héros, et quand l’intelligentsia bri­tan­nique a réa­lisé cela, elle n’a pas pu admettre que de si belles choses aient pu être écrites par quelqu’un qui venait de la cam­pagne et n’avait aucune édu­ca­tion. Aux yeux des intel­lec­tuels, seul un membre de l’aristocratie ou de l’élite cultu­relle pou­vait être l’auteur de ces pièces. Et donc on les attri­bua par exemple à Bacon, qui était un homme de loi extrê­me­ment cultivé. Mais ces attri­bu­tions fan­tai­sistes — Bacon, Mar­lowe, Oxford — n’ont d’autre ori­gine que ce sno­bisme intel­lec­tuel qui se refuse à admettre qu’un homme sans titre et sans édu­ca­tion puisse avoir écrit des textes aussi puis­sants, aussi beaux. Et l’origine que je pro­pose aux pièces de Sha­kes­peare est un pied de nez à ces gens qui ne voient pas au-delà de leur petite cote­rie. La vérité, c’est que l’auteur des pièces de Sha­kes­peare, c’est Sha­kes­peare lui-même !

 

Pour­quoi avoir intro­duit une guerre de Cri­mée [conflit qui opposa la Rus­sie à la Grande-Bretagne de 1854 à 1856, Ndr] pro­fon­dé­ment trans­for­mée à votre récit ?
C’était là le troi­sième livre que je com­men­çais — aucun des deux pré­cé­dents n’avait été publié. Lorsqu’on me refusa le second, j’ai réa­lisé que je pou­vais écrire abso­lu­ment tout ce que je vou­lais, et mettre dans mon livre à peu près n’importe quoi : cela n’avait aucune impor­tance. J’étais en train de lire un livre sur la guerre de Cri­mée au moment où j’écrivais ce troi­sième roman et je me suis dit que j’aimerais bien inté­grer la charge de la Bri­gade légère dans mon livre. Mais la guerre de Cri­mée était finie depuis 130 ans par rap­port à l’époque où je situais mon récit. Alors j’ai “étiré” cette guerre pour la faire durer jusqu’en 1985. Et puis cela apporte un élé­ment his­to­rique au récit. Mais la seule réponse au “pour­quoi” de la guerre de Cri­mée est celle-ci : j’étais en train de lire un livre sur le sujet au moment de la rédac­tion du roman.

 

Il y a donc une grande part de hasard, de conjonc­tions for­tuites dans votre démarche de roman­cier…
Oui… Écrire est une suc­ces­sion d’accidents bizarres et quand j’écris, je sais avec quoi je com­mence, mais j’ignore ce que j’obtiendrai au bout du compte ! en fait, tous mes livres fonc­tionnent selon ce prin­cipe : j’essaie de consti­tuer une nar­ra­tion cohé­rente avec les idées qui me viennent, les choses inso­lites que je peux voir ici et là, les thèmes qui m’intéressent ou que je trouve amu­sants. C’est un peu comme la scène où ils attrapent des météo­rites avec des gants… le visuel d’une foule gan­tée cher­chant à attra­per des météo­rites me plai­sait, et j’ai dès lors cher­ché un moyen de l’intégrer au récit. La manière dont je raconte les ori­gines de la banane est venue à la suite d’une dis­cus­sion autour des preuves de l’existence de Dieu, et quelqu’un a dit à pro­pos de la banane qu’un ali­ment aussi par­fait ne pou­vait qu’avoir été créé par un Créa­teur, un Grand Archi­tecte. Alors j’ai plai­santé là-dessus : oui, en effet, la banane est une per­fec­tion… c’est parce qu’elle a été créée dans le futur puis envoyée dans le passé ! Quant à l’idée de faire du Pays de Galles une répu­blique indé­pen­dante et com­mu­niste est due à ma com­pagne Mari ! A l’origine, Aché­ron Hadès se cachait dans un vieux diri­geable qui était en orbite autour de la Terre et était rap­pelé au sol par un signal radio. Et quand j’ai lu ce pre­mier jet de mon roman à Mari, elle a trouvé que cette idée du diri­geable mis en orbite n’était pas très bonne : c’était trop tech­nique et, pour tout dire, typi­que­ment mas­cu­lin. Alors, puisqu’elle n’aimait pas beau­coup mon idée, et qu’elle est Gal­loise, j’ai décidé qu’Achéron se cache­rait à l’intérieur de la Répu­blique socia­liste gal­loise ! Voilà com­ment le fait de ne pou­voir uti­li­ser cer­taines idées me pousse à en déve­lop­per de nouvelles…

 

Le thème du voyage tem­po­rel est très pré­sent dans votre livre, mais vous le trai­tez d’une manière assez inha­bi­tuelle…
L’idée du voyage dans le temps m’est venue parce que je vou­lais que le père de Thurs­day, qui ne fai­sait pas grand-chose dans le pre­mier état du roman, inter­vienne davan­tage, et de manière plus inté­res­sante. Et puis cela m’amusait aussi d’utiliser un élé­ment nar­ra­tif aussi fort que le voyage tem­po­rel, qui a servi d’argument cen­tral à tant de romans, et de le trans­for­mer en une simple acti­vité pra­ti­quée par le père de Thurs­day : tra­vailler comme chrono-garde n’a rien de plus valo­ri­sant que d’être maçon, élec­tri­cien, ou quoi que ce soit d’autre ; c’est un métier banal ! J’aime bien m’emparer d’une idée à par­tir de laquelle la plu­part des gens feraient un livre entier mais qui, pour moi, n’est rien de plus qu’une idée parmi d’autres jaillis­sant à tout moment.

 

Mais le père de Thurs­day a tout de même un pou­voir très par­ti­cu­lier : il a une tête à arrê­ter les pen­dules
Je vou­lais intro­duire quelque chose qui soit dif­fi­cile à expli­quer. Il y a d’ailleurs beau­coup de choses que je n’explique pas en tota­lité. Quand on écrit sur les voyages dans le temps, on tombe très vite dans des para­doxes impos­sibles, et les lec­teurs pour­raient être per­dus. En fait il n’y a que Thurs­day qui est dans la confu­sion, son père inter­vient, la ras­sure, puis on conti­nue l’histoire… c’est ma façon de résoudre les pro­blèmes que l’on ren­contre dès qu’on évoque les voyages temporels.

 

L’atelier de Mycroft m’a fait pen­ser à celui de Q dans les films de James Bond. Aviez-vous cela en tête en écri­van ?
Oui, abso­lu­ment. Quand j’étais enfant, j’allais voir les films de James Bond au cinéma avec mon père, et j’ai tou­jours adoré les scènes où Q appa­rais­sait. Comme lui, Mycroft est de ces inven­teurs un peu fous, alors j’ai voulu moi aussi pla­cer dans mon livre l’équivalent roma­nesque de ces scènes avec Q.

 

Votre roman n’est pas sans rap­port avec cet ate­lier : comme celui-ci regorge d’objets divers votre récit foi­sonne de trou­vailles en tout genre…
Le foi­son­ne­ment d’idées dont vous par­lez tient à la manière dont j’ai écrit ce pre­mier livre ; sa rédac­tion a pris quatre années… j’avais une intrigue de départ, à par­tir de laquelle je tra­vaillais, puis une autre se pré­sen­tait, puis encore une autre et ainsi de suite. Mais au lieu de rem­pla­cer l’une par la sui­vante, ou de les regrou­per toutes ensemble, je les ai super­po­sées ! ce qui fait qu’en ter­mi­nant L’Affaire Jane Eyre, j’avais aussi plu­sieurs dénoue­ments. Comme le livre fait par­tie d’une série (trois autres livres sont déjà écrits), et que j’ai suf­fi­sam­ment de matière pour les livres sui­vants, je vais conser­ver cette idée d’intrigues et de sous-intrigues entre­croi­sées. Mais ça ne veut pas dire que j’écrirais tou­jours de cette façon-là et que les livres qui ne feront pas par­tie de la série Thurs­day Next obéi­ront à ce type de schéma narratif.

 

L’une des grandes ques­tions que sou­lève votre livre est de celles que tous les écri­vains doivent se poser, comme les lec­teurs d’ailleurs : les per­son­nages ont-ils une vie à eux en dehors de l’espace de texte qui leur prête vie ?
Quand vous lisez un livre, tous les per­son­nages jouent leur rôle. Mais quand vous le fer­mez, ils peuvent conver­ser à leur guise, se détendre, et les mots se mettre dans n’importe quel ordre… c’est exac­te­ment comme dans le film Toy Story, où les jouets ont leurs propres aven­tures dès que l’enfant cesse de s’amuser avec eux. D’ailleurs, dans le second livre, Thurs­day découvre qu’à l’intérieur de chaque œuvre de fic­tion, il y a une police qui sur­veille les per­son­nages, pour que ceux-ci ne s’écartent jamais du rôle qu’ils ont à jouer, sans quoi les livres chan­ge­raient sans arrêt.

 

Que redouteriez-vous le plus si l’un de ces voya­geurs lit­té­raires venait à s’introduire dans votre roman ?
En fait ce n’est pas encore arrivé… mais je ne dis pas que cela ne sur­vien­dra pas ! Comme j’écris des romans sur les romans, il n’y a pas de limites à ce que je peux mettre dedans. Et bien que j’en sois au qua­trième livre de la série, j’ai encore tel­le­ment d’idées que cela four­ni­rait matière à bien d’autres romans encore.

 

Est-il prévu d’adapter les aven­tures de Thurs­day Next au cinéma ?
Beau­coup de gens me posent la ques­tion. Mais tous ceux qui sont inté­res­sés par l’adaptation ne veulent pas réa­li­ser un film, ils veulent juste ache­ter le concept et le vendre tout emballé : ça rap­porte plus d’argent que de tour­ner et de dis­tri­buer un film. Et je suis sûr que si je ne réa­lise pas le film moi-même, il ne se fera jamais. J’ai passé 20 ans dans l’industrie ciné­ma­to­gra­phique et je réponds donc aux pro­duc­teurs que si quelqu’un doit réa­li­ser le film, c’est moi. Mais quand ils entendent ça, ils fuient en cou­rant et en hurlant…

 

Vous jouez beau­coup sur la confu­sion tem­po­relle dans votre roman. Avez-vous ima­giné d’écrire les livres de la série de telle manière qu’ils pour­ront se lire dans n’importe quel ordre ?
Non, pas du tout. Cette apti­tude à aller dans dif­fé­rentes époques ne concerne que le père de Thurs­day. Mais c’est son his­toire à elle que nous sui­vons, et celle-ci se déroule de manière tout à fait linéaire. Bien sûr vous pou­vez lire les livres dans le désordre, mais il vaut mieux les lire dans l’ordre sans quoi vous ris­quez de ne pas sai­sir cer­taines allu­sions récurrentes.

 

La paru­tion des livres sui­vants est-elle pro­gram­mée en France ?
Non… le pre­mier sort aujourd’hui, et la suite dépen­dra de vous et des lecteurs !

   
 

Pro­pos recueillis par isa­belle roche le 8 avril 2004 avec l’assistance pré­cieuse de Roxane Azimi, tra­duc­trice de L’affaire Jane Eyre.

 
     
 

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