Un conte qui nous emporte dans le bel élan de sa dynamique ébouriffée
L’acteur se présente de façon naturelle, comme un conteur : au cours d’un préambule, il explicite les circonstances de la découverte de l’Histoire du tigre par Dario Fo. Le dramaturge, en visite en Chine, n’était invité qu’à voir des pièces valorisant de manière à la fois réaliste et grandiloquente le régime communiste. Il demande alors à assister à des représentations traditionnelles, dans la veine de la pratique des jongleurs chinois. Commence alors une histoire rocambolesque, tissée d’événements fantastiques relatés de façon naturelle, sur un ton humoristique et dynamique. Un soldat blessé est miraculeusement soigné par des tigres, en contrepartie de services dont le récit est prétexte à des situations cocasses, restituées de façon truculente.
Une performance d’acteur, un moment plaisant dans lequel on revisite l’histoire récente de la Chine, soumise au prisme de l’humour noir. Pierre-Marie Escourrou s’approprie avec bonheur le conte transposé par Dario Fo. Il reste au plus près du texte, nous emporte avec force et facilité dans cette histoire rocambolesque et enlevée. Il utilise avec efficacité sa voix, qui porte son corps : sa geste sert son propos sans être cultivée pour elle-même. Certes, le choix peut être discuté : ainsi le rythme est celui d’une accélération continue, peut-être aux dépens d’une variation de mimiques, peut-être au prix de l’exclusion du silence. Mais le conte nous emporte aisément dans le bel élan de sa dynamique ébouriffée.
christophe giolito
Histoire du tigre
De : Dario Fo
Mise en scène : Pierre-Marie Escourrou
Traduction / Adaptation : Nicole Colchat et Toni Cecchinato
Avec : Pierre-Marie Escourrou
Au théâtre Le Lucernaire 53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Du 29 août au 10 octobre 2015, du mardi au samedi à 19h, durée : 1h
Production : La Compagnie de L’Ange Coréalisation : Théâtre Lucernaire, lieu partenaire de la saison Égalité 2 initiée par HF Île –de — France Partenaires : Conseil départemental d’Eure — et — Loir (28) / L’Atelier à spectacle (Vernouillet – 28)
Le texte, paru en 1980, a été traduit chez l’Arche éditeur en 1988.