Avec Pour un flirt avec toi, Aurélie Dubois, la réalisatrice de The Corridors, continue ses passades que Laurent Quéhenne définit ainsi : « aventures éphémères calquées sur la relation sexuelle brève, eros d’un jour » et d’ajouter qu’avec de tels flirts « on commence dur et sec, sans préliminaire, plein les mirettes ». La plasticienne reste dans l’éveil et la lucidité situant ses propositions entre l’acmé de la sexualité et son inverse : à savoir, son commerce. Photographies, films, dessins demeurent sans concessions mais sans provocations superfétatoires. L’énergie de la différence sexuelle passe dans la dislocation des catégories et des genres. Existe ce dont Marlène Dumas fut la pionnière : la sortie de la scène non d’une illusion mais de L’illusion au profit de l’ « obscénité » (à savoir ce qui est hors scène) transsexuelle, trans-esthétique et trans-éthique.
Dans ce champ, la pornographie « trans-opère ». Elle devient le parfait opposé de la pornographie classique qui se rend normale et invisible en se diffusant partout à l’ère d’Internet. L’art queer d’Aurélie Dubois brouille donc la comédie de l’art, et celle de l’idéologie des sociétés et de leurs médias. Face au strip-tease classique qui livre pléthore de fantasmes à sexe ouvert surgit un autre champ dont la transparence reste opaque. Apparaît un angle de « prise » sous lequel, face à la débauche inutile de signes distinctifs — qui ne font que jouer du pareil et du même et à force ne suscitent que l’indifférence -, le sexe reprend tout son sens dans ce qui est considéré comme sa ou ses déviances et qui est souvent soumis à un mépris ironique.
jean-paul gavard-perret
Aurélie Dubois – Artiste de Garde, Pour un flirt avec toi , du 4 au 6 septembre 2015. Galerie Nivet-Carzon. 2 rue Geoffroy Langevin,75004 Paris.