Paula Day, La faute

Culpa­bi­lité et ami­tié ne font pas bon ménage !

Nos amis d’outre-Manche pos­sèdent, semble-t-il, tout un vivier de jeunes talents. Voici encore un pre­mier roman, mené de main de maître, par une nou­velle auteure bri­tan­nique, Paula Daly. Un thril­ler psy­cho­lo­gique où la culpa­bi­lité est le res­sort de l’intrigue, celle de l’héroïne bien évi­dem­ment, qui aurait très vite dû s’apercevoir de l’absence de l’adolescente qu’elle était cen­sée héber­ger. Mais aussi celle qu’éprouvent plu­sieurs autres per­son­nages du roman, pas tou­jours à la hau­teur au quo­ti­dien.
Paula Daly évoque en effet avec beau­coup de cré­di­bi­lité la vie de familles débor­dées par leurs res­pon­sa­bi­li­tés, et qui ont du mal à main­te­nir le contact avec leurs enfants. S’ajoutent à cela cer­tains trau­ma­tismes resur­gis du passé, un per­vers mani­pu­la­teur qui rôde autour des ado­les­centes de la région, quelques trom­pe­ries, une réflexion sur l’amitié et aussi les dif­fé­rences sociales, vous aurez ainsi les ingré­dients d’un thril­ler où les appa­rences humaines se cra­quèlent pro­gres­si­ve­ment avant que le miroir se brise définitivement.

Lisa devait avoir la res­pon­sa­bi­lité de Lucinda, la fille de treize ans de sa voi­sine et amie, Kathy. Lucinda devait pas­ser le wee­kend avec sa fille aînée. Elle devait reprendre les cours lundi matin et retour­ner ensuite chez ses parents. Mais Lucinda ne s’est fina­le­ment jamais pré­sen­tée chez Lisa, qui , débor­dée de tra­vail, ne s’en est pas inquié­tée outre mesure, se tenant aux dires de sa fille. Et Lucinda a dis­paru.
Ron­gée par la culpa­bi­lité, Lisa a pro­mis à son amie Kathy de tout faire pour l’aider à retrou­ver sa fille. Elle doit faire face à l’hostilité de la famille de Kathy, à une sur­charge de tra­vail dans le che­nil qu’elle tient, et l’inquiétude est de plus en plus forte quand une autre jeune fille dis­pa­raît. Lisa pourra-t-elle vrai­ment tenir sa pro­messe et faire oublier ce qu’elle consi­dère comme une faute impardonnable ?

Le titre ori­gi­nal est  Just what kind of mother are you ?, c’est-à-dire Quel type de mère es-tu donc ?, ques­tion qui ne vise peut-être pas seule­ment Lisa, qui a trop sou­vent l’impression de ne pas être à la hau­teur. Car rien n’est ce qu’il paraît être en réa­lité dans cette petite ville de pro­vince anglaise.
Etude de mœurs réus­sie, por­trait de familles déchi­rées par leurs men­songes, La faute ne lais­sera sûre­ment pas le lec­teur indif­fé­rent et dévoile une auteure qui pour­rait rejoindre les rangs d’une Patri­cia Highs­mith ou d’une Lisa Gard­ner. De quoi faire perdre aux Bri­tan­niques leur flegme légendaire.

franck bous­sard

Paula Day, La faute, Pocket,  2015, 411 p. — 7,70 €.

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