William Dietrich, La Sainte Couronne

Une grande saga !

Dans ses romans, l’auteur tire des feux d’artifices d’actions, “res­sus­ci­tant” des per­son­nages dis­pa­rus. Cepen­dant, sous un air de légè­reté, sous une faran­dole d’actions, Die­trich construit une intrigue solide, for­te­ment docu­men­tée sur les sujets et évé­ne­ments abor­dés. Il entre­mêle, avec un art du récit remar­quable, des don­nées his­to­riques, des élé­ments éso­té­riques, de l’aventure à l’état pur, des per­son­nages authen­tiques à l’énorme sta­ture et un humour savam­ment dosé dans tous ses registres.
Dans ce roman, outre Napo­léon dont la route croise sans cesse celle du pro­ta­go­niste cen­tral Ethan, l’auteur fait une large place à Hora­tio Nel­son, autre figure impor­tante de l’histoire, au sacre de Napo­léon et à la bataille de Tra­fal­gar où Nel­son laissa sa vie. Il assor­tit son récit d’anecdotes poin­tues comme la situa­tion dans le salon de Juliette Réca­mier, le sau­mon de Talleyrand…

Ethan Cage, après avoir vu son épouse emme­née par une énorme vague dans les Caraïbes, n’a plus qu’une idée : se ven­ger de Napo­léon qu’il juge res­pon­sable de la mort d’Astiza. Prêt à tout, il s’implique dans un com­plot ourdi par des émi­grés et des Anglais. Il débarque en France accom­pa­gné par Cathe­rine Mar­ceau, une authen­tique com­tesse qui le bat froid, peut-être à cause de ses lourdes ten­ta­tives de séduc­tion. À l’issue d’une arri­vée dan­ge­reuse à cause de la tem­pête, d’escarmouches avec la gen­dar­me­rie car il semble que les auto­ri­tés fran­çaises connais­saient l’arrivée des conspi­ra­teurs, il retrouve… Astiza. Elle a sur­vécu à la vague et déjà récu­péré leur fils qu’Ethan avait placé dans une famille d’accueil pour accom­plir sa ven­geance.
Face à cette nou­velle donne, Ethan est désem­paré. Le motif de sa ven­geance n’existe plus. Mais Astiza décide de conti­nuer car elle veut se rendre à Paris pour consul­ter des ouvrages livrant la pos­si­bi­lité de connaître l’avenir. En com­pa­gnie de la com­tesse, qui joue le rôle de gou­ver­nante du couple, ils s’installent dans la capi­tale qua­drillée par la police et les mou­chards, dans un cli­mat de para­noïa vis-à-vis des com­plots. Ils sont sur­veillés et Ethan est convo­qué sur ordre de Napo­léon qui n’ignore rien de ses faits et gestes depuis son arri­vée. Il se retrouve à Bou­logne, là où l’Empereur a massé son armée pour enva­hir l’Angleterre. Il sauve la vie de Bona­parte qui lui confie la mis­sion, compte-tenu de son talent de cher­cheurs de tré­sors, de mettre la main sur une tête de bronze, un auto­mate construit par Albert le Grand et détruit, selon la légende, par Tho­mas d’Aquin qui a vu l’œuvre du diable. Il doit, éga­le­ment, mettre au cœur de son com­plot la Sainte Cou­ronne, la relique sacrée acquise par Saint Louis en 1239. Mais rien ne se passe comme il le souhaite…

Dans la geste d’Ethan Gage, William Die­trich opte pour le parti de l’humour avec un anti­hé­ros magni­fique doté de presque tous les défauts de la gente humaine. Ethan est joueur, irres­pon­sable, oppor­tu­niste… Dans un dia­logue tru­cu­lent entre Astiza et Cathe­rine, les deux femmes dressent un por­trait sans conces­sions, d’une grande luci­dité. Ainsi, l’une déclare : “…j’ai du cal­mer ses ardeurs…” Astiza opine : “Il a plus d’enthousiasme qu’un bouc, mais il a bon cœur.” Et ainsi de suite, en une joute ver­bale très enle­vée. Mais notre héros a des talents. Il a le flair pour trou­ver les tré­sors et l’art et la manière de se sor­tir des situa­tions les plus périlleuses où il se fourre avec délec­ta­tion sou­vent par pure fan­fa­ron­nade.
Pui­sant ses infor­ma­tions aux meilleures sources, il uti­lise les non-dits, les lacunes des récits pour y pla­cer son héros et son rôle occulte sur les évé­ne­ments. Il n’hésite pas à se ser­vir de tous les élé­ments à sa dis­po­si­tion comme, par exemple, expli­quer le chan­ge­ment du pro­to­cole lors du sacre, trou­vant dans le tableau de David, le por­trait d’Ethan.
On sou­rit, on rit, on tremble, bref, on passe un excellent moment à suivre toutes les péri­pé­ties du par­cours d’Ethan et du groupe qui l’entoure. Une série à ne pas rater !

serge per­raud

William Die­trich, La Sainte Cou­ronne (The Bar­bed Crown), tra­duit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Szc­ze­ci­ner, Cherche Midi, coll. “Thril­lers”, juin 2015, 462 p. – 20,00 €.

2 Comments

Filed under Pôle noir / Thriller

2 Responses to William Dietrich, La Sainte Couronne

  1. Sergio De Santis

    Bon­jour ! À quand la suite ? Merci

  2. ghislaine michel

    je remer­cie mr Die­trich pour sa série Ethan Gage ;suis en cli­nique pour ope­ra­tion du genoux et j’ai dévoré ses livres ; grace à lui j’ai appris plein de choses his­to­riques pas­sion­nantes ; avec lui on voyage ‚de l’Egypte à Jerusalem,de la loui­siane à San­to­rin ; j’oublie ma dou­leur et je voyage avec les esclaves de Haiti je vis leurs aven­tures ; feli­ci­ta­tions Mon­sieur et bonnes ami­tiés ;
    vais me pro­cu­rer ” la ste cou­ronne “, j’ai hate de savoir la suite .….….

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