Un album pour tous les amoureux des livres
Camélia vit avec Hervé, un garçon plutôt rustre, féru de jeux vidéo et de séries télé. Sa soif d’un Grand Amour s’est faite plus forte depuis qu’elle a trouvé, comme oublié sur le banc d’un parc, un livre qui contient un message qui lui est destiné, pense-t-elle. Dès lors, elle va suivre toutes les personnes qui gravitent autour de ce banc, les pistes pour cerner qui lui adresse ces pensées qui laissent supposer de grands sentiments.
Ainsi, elle rencontre une autre jeune femme qui possède dans son sac le même livre qu’elle. Camélia veut savoir si son roman contient également des messages. L’entretien, qui se déroule en présence du fiancé, se passe mal. La jeune femme finit, quand il est parti, par reconnaître qu’elle aussi a des messages inscrits sur ce livre abandonné, comme pour Camélia, sur un banc.
Amoureuse d’une ombre, Camélia continue de chercher, jusqu’à comprendre que la vie qu’elle mène n’est pas celle qui lui convient. Elle va, alors, à la rencontre de nouveautés, allant de déboires en déboires, jusqu’à…
Avec ce scénario, dans la continuité du livre 1, Jim marie l’amour sublimé, le Grand et Unique sentiment, avec l’amour des mots, des textes, des livres. Camélia, cette jeune femme romantique, croit encore à l’amour, alors que son compagnon ne lui apporte qu’une présence, que de la tendresse. Le scénariste développe un de ses thèmes favoris : la recherche de l’amour entre un homme et une femme, cette affection que certains traquent toute leur vie sans jamais l’atteindre. Pour ses héros, il fait fi des évolutions où, comme l’écrit Claude Nougaro dans Une petite fille : “Seulement y’a la vie, seulement y’a le temps, et le moment fatal où le vilain mari tue le prince charmant.“
Il donne une large place aux livres, aux livres papier, à l’acte de lecture. L’auteur fait faire par un de ses personnages le test suivant dans une librairie. Celui-ci prend une édition rare, qui existe en peu d’exemplaires, et le laisse tomber. Personne ne bronche. Il prend alors un Ipad, un objet fabriqué à des millions d’exemplaires et lui fait subir le même traitement. Il soulève alors des réactions outrées. À travers cette scénette se pose la question de savoir pour combien de temps encore aura-t-on la possibilité de tenir un livre, respirer l’odeur du papier, de l’encre… ?
Mais Jim sait manier le suspense, générer une tension dans ses récits. Il clôt son histoire par une conclusion surprenante, cependant fidèle à l’esprit du récit.
Mig, réalise, pour la mise en images de ce scénario sentimental, un dessin en ligne claire tout en douceur, en tendresse. Il propose des personnages aux looks très modernes, tant dans leur physique que dans les attitudes et les réactions. Il excelle à rendre les émotions des acteurs, exprime leur gestuelle de belle façon. La couleur, signée par Delphine, est magnifique. Le choix des tons, la variété des teintes emportent l’adhésion.
Un petit livre oublié sur un banc se révèle comme un superbe diptyque qui s’appuie sur des sentiments vers lesquels chacun tente de tendre, mis en scène et illustrés de belle manière avec une présentation soignée de l’éditeur. Tout pour plaire !
Lire un extrait
serge perraud
Jim (scénario), Mig (dessin), Delphine (couleurs), Un petit livre oublié sur un banc, livre 2, Bamboo, coll. “Grand Angle”, mai 2015, 54 p. – 13,90 €.