Le langage des fleurs traduit celui du cœur
Touquet. A la fin du siècle dernier. Chaque été, la population de cette charmante ville de bord de mer augmente en flêche. Des familles viennent s’y prélasser, des enfants y construisent leurs premiers châteaux de sable, des adolescents y connaissent leur première histoire d’amour, et d’autres couples voient se développer la leur. C’est en tout cas dans ce cadre idyllique que Grégoire Delacourt fait se croiser les destins de quatre couples, tous de tranche d’âge différente. Aux quatre saisons de la vie, une valse amoureuse se met subtilement en place, rappelant au lecteur ses premiers émois amoureux, comme ceux que connaît Victoire 13 ans et son voisin de deux ans son aîné, éperdument amoureux de sa complice d’été. Mais à leur âge les jeux commencent à prendre une autre tournure, l’enfance s’efface, et le goût sucré de la peau prend peu à peu des saveurs aigres-douces.
Dans la seconde tranche de vie, une femme de trente-cinq ans élève son fils Hector seule. Elle “n’ a pas de chance avec les hommes”, et reste hantée par son premier amour, recherchant dans des rencontres éphèmères la puissance des premières étreintes. Sa vision de la vie et de l’amour va être à jamais changée cette nuit du 14 juillet en se promenant sur la plage.
Monique, de son côté, veut désormais se faire appeler Louise et vient fuir le quotidien en passant une semaine loin de son mari, elle aimerait renouer avec la passion, mais arrivera-t-elle à faire aussi bien que ce vieux couple qu’elle croise à l’hôtel Westminster ? Des octogénaires, dont tout le monde envie la complicité, et qui renouent avec leurs souvenirs ce soir de bal, très particulier pour eux.
A travers ces quatre magnifiques histoires, où les personnages vont se croiser, monsieur Delacourt nous prouve une fois encore son talent de conteur, en effeuillant les émotions de chacun de ses héros. Des héros, dont les vies, les joies, les peines, les projets, les regrets, sont pareils aux pétales d’une fleur, colorés, épanouis ou éphémères. Des émotions tellement proches de celles du lecteur que l’empathie s’installe très vite. Tous hantés par leur premier amour, les personnages avancent tant bien que mal, en chassant avec plus ou moins de succès les ombres du quotidien. C’est un amour souvent désabusé (à l’exception de ce vieux couple, qui fait rêver tout le monde) qui nous est chanté au rythme de Hors saison de Cabrel, et d’autres titres disséminés dans le roman.
Une chanson bien choisie, car finalement, au rythme de cet été 1999, pendant lequel on nous annonçait la fin du monde, la quête de l’Amour reste intemporelle, et franchit les barrières du temps. On vit parfois trop avec nos souvenirs, semble nous dire l’auteur, et ils nous empêchent de goûter pleinement les fruits du présent ; il faut laisser s’épanouir le bouquet de nos émotions, sans trop regarder en arrière, pour espérer avancer main dans la main sur le sable fin, ce sable qui se déverse trop vite dans le grand Sablier de la Vie.
Il y a toujours de la tristesse dans ces histoires, mais aussi des notes d’humour, beaucoup de poésie et d’espoir, celui de vivre, ne serait-ce qu’une seule fois, la plus belle saison du cœur, celle de l’Amour partagé.
franck boussard
Grégoire Delacourt, Les quatre saisons de l’été, JC Lattès, 2015, 280 p. - 18,50 €.
Bonjour,
j’ai bien aimé ce livre, mais moins que le précédent Delacourt.
Jen parle ici
http://mademoiselleestcommetoutlemonde.blogspot.fr/2015/10/livre-les-quatre-saisons-de-lete.html
Bonne journée,
Morgane