Entretien avec l’auteure de Mains suivi de Sonder le vide
(photo de l’auteure par Michel Durigneux)
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
A un moment, ce qui m’attend hors du lit prend le pas, mentalement, sur le bien-être que je ressentais à me trouver dans mon lit au sortir des rêves.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils ont grandi avec moi puis se sont ratatinés, plombés par trop d’idéalisme et de clichés. Ils ont finalement renoncé à moi, avec le soutien de la psychanalyse.
A quoi avez-vous renoncé ?
A répondre aux attentes des autres.
D’où venez-vous ?
Du ventre de mon histoire.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une nécessaire solitude.
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
D’être/de faire « comme les autres ».
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
J’ai plein de petits plaisirs au quotidien, j’aime nourrir mes sens, simplement, sans privation ni excès. Un truc que j’adore c’est me sentir devenir flaque au soleil, les yeux fermés, au bord de l’eau, alors qu’il ne fait pas encore très chaud.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Ce qui nous distingue tous les uns des autres peut-être, notre singularité, j’écris avec ce que je suis…
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Les illustrations du fauvisme dans mon livre d’Histoire Géo en Première.
Et votre première lecture ?
J’avais horreur de la lecture, trop pénible pour moi à déchiffrer, jusqu’à un poème, “Le ciel est par-dessus le toit”, de Verlaine, proposé en récitation au CM2. Là, je ne lisais plus, je chantais.
Pourquoi votre attirance vers l’innommable, l’impalpable ?
Parce que c’est de ce dont je suis faite, ce qui me constitue, ce qui habite ma tête, c’est une lutte qui me rend vivante.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Quand je plonge en mode repeat dans certaines chansons de Léo Ferré (Je te donne, Ton style, Love, Des mots, …) mon corps palpite, ma tête s’élargit, mes sens s’aiguisent…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Plutôt des livres que j’adorerais relire… Ah si, j’ai relu Dans la solitude des champs de coton, de Koltès.
Quel film vous fait pleurer ?
Un opéra, La Tosca.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Celle que je suis parvenue à faire advenir, et dont je prends soin.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
La question ne s’est pas vraiment posée à moi dans ces termes.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
La mer…
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Le poète dont je me sens le plus proche, c’est peut-être Bernard Noël, pour son rapport au corps, à la peinture, et pour sa présence à distance. Les poètes, écrivains, peintres, danseurs, musiciens, circassiens, … dont je me sens proche, sont sensibles à mes poèmes. Une famille d’artistes ?…
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une présence de qualité ou une qualité de présence.
Que défendez-vous ?
Le droit, pour chacun, à exister le plus authentiquement possible sans être jugé.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
On n’a pas trouvé mieux pour occuper toute une vie. A part la création…
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Une phrase que je ne dirais pas, j’ai appris combien il peut être vital de savoir dire non.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Ça c’est vous qui le savez…
Entretien réalisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 juillet 2015
merci Myriam de ce si peu et si libre…
je ne sais même pas quand est votre anniversaire
peut être n’en ai jamais été digne