Stephen Desberg & Miguel Lalor, Le Rédempteur — t.1 : “L’Homme qui entendait les prières des enfants morts”

Une jus­tice efficace !

La finance inter­na­tio­nale, ses arcanes, ses com­bi­nai­sons et ses pré­da­teurs rapaces, est un des ter­rains favo­ris de Ste­phen Des­berg en tant que scé­na­riste. Dans ce domaine, il a déjà déve­loppé des intrigues pas­sion­nantes avec IR$ et IR$ All Wat­cher. Il revient, ici, avec un héros qui mène une lutte, à la façon d’un Robin des bois, contre les tra­fi­quants et finan­ciers liés à la drogue et à tout ce qui en découle en matière de crimes, en pri­vi­lé­giant une action débridée.

Jean Ravelle agit parce qu’il n’a pas une confiance aveugle en la jus­tice, qu’il pense que tout n’est pas tou­jours fait pour que le crime soit puni dans notre joli monde. Il traque alors les mal­fai­teurs qui béné­fi­cient d’une impu­nité, paient pour leur mons­truo­sité. Pour mener sa quête, répondre aux prières de quelques cen­taines d’enfants morts, il faut qu’il se libère de sa famille par alliance, une famille richis­sime dont le seul but est celui de s’enrichir encore. Elle qui ne com­pren­drait pas qu’il dépense son argent pour une cause huma­ni­taire, la seule que ces gens-là tolèrent étant celle qui rap­porte de l’argent !

L’action débute au Bré­sil et donne un autre aspect de ce pays, loin de celui pré­sen­tés par les médias spor­tifs ou par des éco­no­mistes liés au sys­tème finan­cier (et on y revient !), qui voient un Eldo­rado pour toutes leurs com­bines frau­du­leuses. Un couple pro­gresse avec pré­cau­tion dans les ruelles d’une favela de Rio de Janeiro jusqu’à une pla­cette qui domine la ville. Ils écoutent Mon­teiro, un gros homme, péro­rer en mon­trant le ter­ri­toire où il règne sur le tra­fic de la drogue. Son dis­cours convainc son inter­lo­cu­teur de trai­ter avec lui. Dans le couple, la femme retient l’homme lui disant qu’il ne peut rien faire main­te­nant. De nuit, une sil­houette sombre aborde le yacht de Mon­teiro, tue ses gardes du corps, l’enlève en héli­co­ptère. Pen­dant le vol, la sil­houette se pré­sente comme Jean Ravelle, celui qui entend les prières des enfants morts. Il l’accuse d’être direc­te­ment res­pon­sable de la mort de quarante-huit gosses par over­dose et dix-sept abat­tus comme dea­ler ou rabat­teur. Puis il l’abandonne aux mains de familles en deuil par sa faute. Ravelle sort un car­net de sa com­bi­nai­son et sous­trait 63 de 389.
Jean Ravelle est un homme riche et… en colère contre tous ceux qui sont res­pon­sables de la mort d’enfants. Il met sa for­tune au ser­vice de sa jus­tice avec l’aide d’une équipe de finan­ciers et de juristes de haut-vol. Mais, pour mener à bien sa mis­sion, il doit échap­per à la famille chi­noise de sa déli­cieuse épouse et donc…

Miguel Lalor, qui signe aussi Miguel, a suivi une école des beaux-arts por­tu­gaise, tra­vaillé comme desi­gner pour un édi­teur de son pays avant de venir s’installer à Paris. Il a réa­lisé la série Myr­kos (Dar­gaud) et la pre­mière sai­son du Der­nier Tem­plier (Dar­gaud). Il pro­pose, ici, un des­sin très réa­liste, four­millant de détails, dopé à l’EPO pour les nom­breuses scènes d’action qui ponc­tuent l’album. Ses per­son­nages, aux atti­tudes dyna­miques, expriment par­fai­te­ment, tant par gestes que par mimiques, leurs sen­ti­ments, leurs émo­tions. Il mène un tra­vail fouillé sur des pers­pec­tives, sur des champs et contre-champs peu cou­rants.
Un pre­mier album tonique, dyna­mique, au scé­na­rio attrac­tif qui fait sou­hai­ter une suite du même aca­bit dans un délai raisonnable.

serge per­raud

Ste­phen Des­berg (scé­na­rio), Miguel Lalor (des­sin), Thorn (cou­leur), Le Rédemp­teur, tome 1 : “L’Homme qui enten­dait les prières des enfants morts”, Dar­gaud, mai 2015, 48 p. – 13,99 €.

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