Cinq étudiant envahissent un chalet hanté au bord d’un lac. La maison voisine abrite d’étranges occupants dont les manières sont rugueuses mais efficaces !
Cinq étudiants ayant terminé leurs examens partent dans un chalet perdu au bord d’un lac pour un week-end qu’ils regrettent déjà tous une fois en voiture. Deux couples et un célibataire. Certains ne se font guère d’illusion sur leur conjoint, d’autres aimerait pouvoir exprimer leurs fantasmes les plus fous. La première soirée se passe dans une humeur exécrable. Chacun se couche tôt. Alors que JC tente de saouler son amie et de la faire fumer à outrance pour mieux pouvoir la sodomiser, un intrus dans les bois vient les perturber. Aussitôt dehors, le couple provoque une réaction en chaîne d’horreur. Lui, mange le sol d’un coup de pelle avant d’aller boire la tasse au fond du lac. Elle, se fait enlever et une fois attachée et dénudée, s’attend aux pires exactions et à souffrir. Leurs cris ont réveillé les autres qui tentent tant bien que mal de s’organiser. Mais plutôt que de rester groupés, ils se séparent pour mieux affronter 10.000 litres d’horreur pure. Au hasard d’un frigo et d’une baignoire, les preux chevaliers en herbe découvrent des personnages d’une autre époque et d’un autre monde, issus d’une vieille tradition ancestrale barbare, qui jetait des nouveau-nés dans le lac.
Honneur et Horreur
Thomas Gunzig est un aficionado de ces films de série Z, somptueux nanars entre fantastique et horreur. Nul doute qu’il regrette Avoriaz et les glorieuses heures de son festival, et qu’il possède l’intégralité des Ze craignos monsters où l’on peut se régaler d’illustrations kitchissimes et de textes affriolants et fort intéressants. Avec 10.000 litres d’horreur pure, il remet à l’honneur le roman gore d’horreur sans ménagement ni honte. Pire, il renoue avec une recette franchement éculée à outrance, celle qui consiste à mettre des personnages dans une maison hantée, puis à les faire se séparer pour que chacun de leur côté ils découvrent l’horreur dans toute sa splendeur. Et tout ça en assumant parfaitement sa trame. Dans une introduction jouissive autant que nostalgique, Thomas Gunzig se justifie alors même qu’il n’en a pas besoin. L’homme voue un attachement certain à ce qu’il nomme une sous-culture, partie prenante de ces mauvais genres qui font le charme de la littérature et du cinéma. L’ouvrage, illustré par Stéphane Blanquet, qui signe aussi la couverture, propose un suspense haletant. Chacun des protagonistes est embarqué dans une aventure qui est aussi l’occasion pour lui d’affronter son histoire, ses démons et d’appréhender son futur si un jour il en a un. Le livre est tout en rythme et Thomas Gunzig ne se donne pas de limite. Il n’a de cesse de repousser les frontières du ridicule pour notre plus grand soulagement. Car notre esprit aime et redemande 10.000 autres litres d’horreur pure et surtout pas diluée.
Ouvrages à avoir obligatoirement dans sa bibliothèque en plus de 10.000 litres d’horreur pure : Ze craignos monsters, réunion en trois tomes des Mad Movies, par son rédacteur en chef Jean-Pierre Putters, aux éditions Vents d’Ouest. Ces très beaux livres en couleur proposent de revenir sur 80 ans de films d’horreur ou fantastiques avec des textes érudits juxtaposés à de splendides et nombreuses illustrations de monstres qui n’ont rien à envier à ceux du roman de Thomas Gunzig.
j. vedrenne
Thomas Gunzig, 10000 litres d’horreur pure (illustré par Stéphane Blanquet), Au diable vauvert, août 2007, 252 p. — 15,00 |