Neal Stephenson, Zodiac

Un héros écolo engagé qui se bat contre les méchants pol­lueurs, un thril­ler tout à fait sym­pa­thique et bien enlevé

Vous ne le savez pas mais Bos­ton est le théâtre d’agressions envi­ron­ne­men­tales de plus en plus carac­té­ri­sées. En clair, un ter­rain fer­tile pour les pol­lueurs en tout genre. Ainsi, de nom­breuses entre­prises n’hésitent pas à se débar­ras­ser de leurs déchets en les ver­sant dans le port. Mais en patrouillant à bord de son zodiac, San­ga­mon Tay­lor tente de mettre un frein à toutes ces acti­vi­tés délic­tueuses. Écolo acti­viste, chi­miste de son état, le héros uti­lise des méthodes pas tou­jours très ortho­doxes mais tou­jours ori­gi­nales pour livrer ses combats.

Nous avons ici davan­tage affaire à un thril­ler qu’à un roman de science-fiction. On pense à Carl Hiaa­sen, auteur de polars éco­lo­giques (et à Chuck Palah­niuk pour l’humour débridé) même si Ste­phen­sen avoue s’être plu­tôt ins­piré de James Crum­ley.
Bien qu’écrite en 1988, l’histoire, contem­po­raine ou située dans un futur proche, tient encore la route. Les actions plus ou moins mus­clées des asso­cia­tions éco­los répondent aux méthodes tou­jours plus dou­teuses des pol­lueurs. Mal­gré, donc, l’étiquette science-fiction du livre, on se doute que Ste­phen­son s’est sérieu­se­ment docu­menté. Comme disait Greg, la réa­lité dépasse l’affliction.

On pourra regret­ter que les per­son­nages secon­daires, sou­vent ori­gi­naux, ne soient pas plus déve­lop­pés. Le héros est plus nuancé : à la fois modèle du mili­tant à la Green­peace et cynique revenu de tout, il offre une per­son­na­lité plus ambi­guë.
Si l’intrique pro­pre­ment dite tarde un peu à démar­rer, on ne s’ennuie jamais, le ton est tru­cu­lent, sou­vent caus­tique. Neal Ste­phen­son s’amuse - et nous aussi par la même occa­sion - avec les pon­cifs du thril­ler. Au menu, secte de toxi­cos fans de heavy metal, savants irres­pon­sables, indus­triels mafieux et tueurs à gages. On a même droit à une course pour­suite en zodiac, c’est dire.

L’auteur s’attaque aux indus­triels indé­li­cats (pour le moins) en fai­sant mener à son héros de véri­tables inves­ti­ga­tions. En fin de compte, il dresse, sous cou­vert d’ironie, un tableau plu­tôt inquié­tant. Après avoir lu ce livre, les plus influen­çables des lec­teurs refu­se­ront sans doute à tout jamais de se bai­gner ailleurs que dans leur bai­gnoire. Pour ma part, je dois avouer m’être sur­pris à me laver les mains plus sou­vent que d’habitude…

nico­las klemberg

   
 

Neal Ste­phen­son, Zodiac (tra­duit par Jean-Pierre Pugi), Gal­li­mard coll. “Folio SF”, avril 2006, 401 p. — 7,00 €.

 
     
 

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