Dans le secret des dessins de Cécile Hug des tiges sont défaites et des clochettes effleurées sont déposées sur des textiles immaculées. Cela ressemble aux mots que chuchote Zoé Balthus. Ils collent à la peau au moment où elle s’abandonne aux plaisirs. Mots et images parcourent le corps : mais pas entièrement, pas en totalité. L’amande honorable est là, bouillante mais cachée. Elle reste en suspens parmi les vagues des images, la cohorte des mots. Elle est déjà presque à la merci de certaines mains. Cécile Hug suggère la sphère d’ambre, Zoé Balthus fait que les gestes s’allongent, parfois s’énervent (pour arracher une chemise blanche et la jeter par la fenêtre) afin qu’arrive le temps de l’abandon. Il s’agit de passer de l’attente au plaisir là où nus dans l’ombre ou en pleine clarté il n’y aura bientôt plus que l’odeur du fruit défendu et une saveur de cassis sur la langue.
Les deux créatrices jouent avec le secret, se font diablesses mais juste ce qu’il faut, sans désinvolture. Elles rendent à la femme son statut de déesse ici-même, ici-bas. L’homme bientôt glissera entre deux cuisses d’un air grave (après avoir ri) et à l’écoute des soupirs. Avant qu’il ne soit trop tard reste les images pour les imaginer, les mots pour les dire. Le sexe bientôt va se déguster. Plus besoin de battre coulpe et croupe de caresses bien douces. La cause est entendue mais il faut une fois de plus la suggérer pour rendre le quotidien étrange. Les deux créatrices se font abbesses du démon. Se crée le lieu où moutonne l’ordre du désir, où le désir vient s’engouffrer non sans quelque chose sinon de religieux du moins de sacré.
jean-paul gavard-perret
Zoé Balthus & Cécile Hug, Amande douce, Editions Derrière la Salle de bains, Rouen, 2015 — 8,00 €.