Guillaume Montier multiplie les zones de glissements, les rencontres décalées. Pour lui en effet, « La peinture est un chant de l’écart. Ce qui n’est, à l’origine, qu’une intention devient une image incarnée ». Un paysage, un visage étirent leur vide à l’infini, un vide disponible qui porte en lui un potentiel de changement. Les surfaces ne sont jamais des marécages ou des terres grises de fins de partie. Elles montrent ce qui ne peut se dire dans un dialogue particulier : il ressemble plus à un monologue de solitaire car comme l’artiste le rappelle à travers une citation de Char : « On ne partage pas ses gouffres avec autrui, seulement ses chaises. » Mais ce sont pourtant eux qui font de la peinture de l’artiste des sésames.
Guillaume Montier, Nous allons dans la nuit, Exposition de peintures (solo exhibition) Galerie Isabelle de Mars, 29 rue Vanneau, 75007 Paris.. Du 11 avril au 9 mai 2015
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Je pourrais poétiser sur la lumière du soleil, la soif de découvrir et d’apprendre encore, mais sincèrement, la plupart du temps, c’est surtout l’alarme de mon réveil.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Des rêves d’adultes
A quoi avez-vous renoncé ?
A la vie eternelle.
D’où venez-vous ?
Je n’en suis pas absolument certain mais j’ai bien l’impression que je vais fatalement y retourner un jour.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’humanité
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
L’or !
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Une nuit dans les étoiles avec mon télescope
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Mes oeuvres et tout ce qui me distingue des autres hommes !
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Je suppose, car on me l’a rapporté, que c’est la vue du ciel sous un cerisier. Quand je n’avais encore que quelques mois il suffisait que l’on me place sous l’arbre pour que je cesse de pleurer.
Et votre première lecture ?
« Voyage au bout de la nuit »
Quelles musiques écoutez-vous ?
Presque toutes !… musique classique, baroque, contemporaine, opéra, jazz, rock, folk, pop, rap, musique électro, chanson française…. Une certaine prédilection pour Bach, Pärt, Coltrane, Louis Sclavis, Michel Portal, Léo Férré…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je relis toujours plusieurs fois les livres que j’aime. C’est difficile d’en choisir un seul alors disons « La chute » de Camus et « Mort à crédit » de Céline
Quel film vous fait pleurer ?
« Dancer in the dark »… « Les vestiges du jour »…
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi et je trouve que je me ressemble
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A personne.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le cap Horn.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
J’essaie de ne m’interdire aucune proximité !
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Du temps.
Que défendez-vous ?
Les personnes que j’aime.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est un vrai tour de magie !
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Quelle question a-t-on oublié de lui poser ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
” Quelle réponse auriez-vous souhaité me donner ? ” Alors là, bien sûr, j’aurai répondu la réponse est oui mais quelle était la question ?
C’est donc bien plutôt cette question là, précisément, que vous avez oublié de me poser ! La même question que vous avez également du oublier de poser à W. Allen !!
En fait vous tenez absolument à nous donner une question que vous n’avez pas alors même que certainement nous n’en voulons pas !
D’après Lacan c’est de l’amour… ça se défend !
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 20 avril 2015