L’Amour fou selon Francesca Y. Caroutch
Une nouvelle fois et à travers « L’or du temps », par-delà le côté intime, Francesca Y. Caroutch inscrit le souffle de l’élévation mystique. Elle rachète les larmes d’Eros. Car il y eut bien des larmes, même si la poétesse en retire pudiquement le manteau. La mélancolie est loin. Le texte enfle, avance loin d’une forme de régression ou de la quête du refuge. Si la poétesse évoque la nuit, c’est afin que la lumière soit.
Du fond de l’absence, ce qui résonne n’est pas l’abandon, le vide, la solitude : tout est soumis à la résurrection. Et ce, depuis l’instant de sa rencontre avec l’Amant (François Augérias).
« Nous célébrions la transhumance des esprits
à travers les milles scintillements de la matière
les métamorphoses du cosmos vers la lumière »
rappelle la poétesse dans des vers écrits à quatre mains dans le dernier poème du livre.
Celle qui fut taxée par la mère amère du poète d’« étrangère et voleuse » ne s’épuise plus à ravauder le passé. Elle a passé l’éponge et ramène son livre à l’essentiel : les ardeurs de l’amour qui sont moins de lave que de lumière et qui font croître encore la poétesse telle une plante jusqu’au ciel.
Celle qui sut faire de chaque aube d’Augérias le premier matin du monde donne dans ce livre toute la puissance à un chant d’amour qui transcende la chair pour atteindre la divinité architecturale qui structure le seul sens possible à la vie : celui de « l’amour fou », bien plus fou cependant que ce qu’en disait Breton.
jean-paul gavard-perret
Francesca Y. Caroutch, L’or des étoiles, Préface de Salah Stétié, Editions du Cygne, Paris, 2015, 68 p. — 10,00 €.