Avec Anouchka Pérez n’existent plus d’un côté l’esprit ou l’âme et de l’autre côté les rouages des signes et des mots. Face à l’ascèse, l’artiste propose la souplesse. Une parure d’air plus qu’une mentalisation. Tout ce qui devient langage change de registre et quasiment de statut. La vue se dénude. L’image devient signe. Elle est porteuse de significations plus fortes que n’en pouvait faire surgir le trop simple mot à mot.
Les assemblages viennent à bout du semblant que les mots ou les matières secrètent. Eros est le maître face au logos. Il dresse des figures. Leur attraction suffit. Une émotion s’élève. Angoisse et joie, peur et plaisir. Le dire ne peut s’engendrer en étant cadré. Et si une image vaut mille mots, celles de l’artiste en valent des milliers.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie de pisser.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils restent à leur place. Je voulais devenir écrivain.
A quoi avez-vous renoncé ?
À la candeur.
D’où venez-vous ?
De Morges. Parents restaurateurs, soeur enseignante et frère paysagiste. On avait des chats aussi.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un bouclier.
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
Tout, donc rien.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Le chauffage au sol.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
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Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
“La vie et la mort” de Gustav Klimt.
Et votre première lecture ? “Recherches philosophiques”- Ludwig Wittgenstein
Comment pourriez-vous définir votre travail sur le signe et sa “matière” ?
Comme un équilibre parfait entre formes et sens.
Quelles musiques écoutez-vous ?
« Bang Bang ».
Quel est le livre que vous aimez relire ?
J’ai pas encore fini tout les livres que j’ai commencés.
Quel film vous fait pleurer ?
Tous.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Mon reflet.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À la mort.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Même plus New York. J’aime le Valais.
Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Mes amis artistes.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
J’aimerais qu’il n’y ait plus d’argent.
Que défendez-vous ?
L’art.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Le pauvre.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Peu importe la question.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment ça va ?
présentation et entretiens réalisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteriare.com, le 13 janvier 2015.