Caroline, reine de Naples envers et contre tout
Les passionnés de l’épopée de Napoléon savent que sa famille fut davantage une croix qu’un atout pour l’Empereur des Français. Imprégné de la culture clanique de son île méditerranéenne, il distribua couronnes et prébendes à ses frères et sœurs qui confirment que le génie n’est pas héréditaire… Mais en est-on sûr ? La biographie de Caroline Bonaparte écrite par Florence de Baudus apporte des éclairages qui ne manquent pas d’intérêts sur la personnalité de celle qui est restée dans les mémoires comme la reine de Naples.
Tout d’abord, des archives familiales inédites permettent de connaître l’entourage proche de Caroline et de Joachim puisque l’ancêtre de l’auteur fut le précepteur des enfants Murat. Ensuite, parce que les qualités politiques de la reine apparaissent au grand jour. Véritablement douée pour la politique, elle participe – quand son mari veut bien le lui permettre – aux affaires du royaume et maîtrise les enjeux du système napoléonien. Enfin, le poids de l’autorité de l’Empereur constitue une entrave bien mise en lumière et qui explique bien des erreurs.
Car si la fratrie napoléonide ne brille pas toujours par ses lumières intellectuelles et politiques, la main de fer de Napoléon en étouffe tous les membres, réduisant leur marge de manœuvre, les soumettant à des contrôles étouffants et à des pressions constantes. Leurs royaumes sont des satellites du grand Empire donc à son service. Il ne pouvait en être autrement. Mais une fois installés sur leur trône, les frères épousent les intérêts de leur Etat. Comme dans une sorte de logique implacable que Napoléon ne pouvait comprendre, en tout cas admettre. La tragédie des Murat se situe dans cette contradiction.
De la misère au scintillement de la couronne de Naples, Caroline eut un destin hors du commun. Grâce à son frère…
frederic le moal
Florence de Baudus, Caroline Bonaparte. Sœur d’empereur, reine de Naples, Perrin, octobre 2014, 417 p. — 24,00 €