Frédéric Grolleau, Sumo

Dans l’attente de la destruction

Ce n’est pas parce que tout nous échappe qu’il faille faire sem­blant d’être l’organisateur du bor­del ambiant. Grol­leau le prouve dans une fic­tion « caliente » où pour la pre­mière fois  Nico­las Rey devient héros de roman (mais plus en Ber­nardo que Zorro). Pour lui et pour tous ceux qui affirment leur« Sum » (je suis), la pierre qui roule de Spi­noza, comme celle de Mike Jag­ger, est au bas de la pente. Bref, elle devient tom­bale. Pour autant, il n’est pas néces­saire de se la pendre au cou et se jeter à l’eau. Nos maîtres feront l’affaire et l’enfer.
A tous ceux qui auraient des ten­dances sui­ci­daires, il est donc plus que recom­mandé de lire la fan­tai­sie mili­taire de Grol­leau. Elle l’est autant que le fut l’album du même nom de Bashung. C’est dire que dans ce cas un soda vaut pour un mili­taire — fut-il ano­nyme et mort inconnu, comme l’a récem­ment affirmé F. Hol­lande. C’est d’ailleurs contre tous les régis-soeurs et nos faux frères que le roman­cier perd volon­tai­re­ment le contrôle de sa fiction.

Telle une femme qui veut ce que la rai­son refuse, Sumo  sou­met à de mul­tiples décharges sauf celles que le héros (dès que Rey est alité) se réserve avec des pâque­rettes. Elles renou­vel­le­raient bien nos mortes sai­sons et mornes plaines quoique — avec le temps — nous savons qu’il est néces­saire de per­sé­vé­rer pour abou­tir au fiasco. Seules annoncent ici le prin­temps des hiron­delles qui rap­pellent les« anvé­los » de Que­neau. Elles ont tou­te­fois tro­qué leur cycle men­suel pour des véhi­cules mobiles à moteur de meilleure extrac­tion afin d’hanter les immeubles en T de ban­lieues sou­mises à des retours du refoulé reli­gieux où les femmes seront bien­tôt obli­gées de cacher jusqu’à leur ombre.
Néan­moins, face aux apos­tats et enva­his­seurs new age ou cora­niques, F. Grol­leau ne prêche pas : il se marre (jaune) pour qu’on sorte plus vivant que mort face à la doxa du nou­veau sys­tème post 11-septembre. L’auteur le résume en 33 com­man­de­ments. Ce qui tend néan­moins à prou­ver que notre cru­ci­fixion ne sau­rait tarder.

C’est pour­quoi — avant qu’advienne que « pour­rave » — il est urgent de siro­ter ce Sumo qui ignore les lour­deurs comme les pres­sions de Cogito (Grol­leau ergote ses ergo).  Le « délyre » n’en est que plus suave. Les mains au panier (pas seule­ment de crabes) ne manquent pas. Et l’auteur (du moins son sombre héros) ne met pas for­cé­ment des gants de chi­rur­gien pour le tri­po­ter de manière adé­quate. Chapeau.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

Fré­dé­ric Grol­leau, Sumo, Les édi­tions du Lit­té­raire, Paris, décembre 2014, 180 p. — 18,50 €.

 

1 Comment

Filed under Chapeau bas, Romans

One Response to Frédéric Grolleau, Sumo

  1. Villeneuve

    Perso je trouve que SUMO est un ate­lier caché comme celui de Courto et JPGP . Sirop jaune au style décoiffant .

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