Les particules élémentaires (Michel Houellebecq/Julien Gosselin)

Une magni­fique et fidèle adap­ta­tion du roman majeur de Houel­le­becq

Dans le noir, il y a quelques lumières LED dis­sé­mi­nées tout autour de la scène, anti­ci­pa­tion futu­riste d’un contrôle omni­pré­sent. Après une pro­fé­ra­tion méta­phy­sique qu’une voix can­dide lar­moie dans le noir, on assiste à une pré­sen­ta­tion des per­son­nages. Il s’agit des der­niers moments del’odyssée humaine, racon­tée à tra­vers la misère affec­tive de deux frères aux carac­tères antinomiques.


Quelques marches ourlent le pla­teau recou­vert par une pelouse ; les acteurs gra­vissent ou des­cendent cette petite estrade sur­éle­vée sur laquelle sont ins­tal­lés des élé­ments de mobi­liers, des ins­tru­ments de musique ; ces lieux ser­vi­ront à pré­sen­ter l’une ou l’autre scène, par exemple en sol­li­ci­tant la vidéo. Cet entour de la scène est encore uti­lisé comme cou­lisses ou se changent les inter­ve­nants ou comme pre­mier rang de spec­ta­teurs, les comé­diens ne par­ti­ci­pant pas à l’action sié­geant là le plus sou­vent impassibles.

L’ensemble est pré­senté comme un show, emprun­tant avec acuité aux images noir et blanc des années 1970, aux soi­rées ados un peu impro­vi­sées. Le fait que les per­son­nages s’habillent, se désha­billent, ter­mi­nant en sous-vêtements blancs, sou­ligne leur fra­gi­lité ; leur plas­ti­cité pro­cède de la sou­mis­sion à une époque, à ses cir­cons­tances et aléas. L’élaboration musi­cale de Guillaume Bachelé accom­pagne avec effi­ca­cité le pro­pos ; elle en sou­ligne la poé­sie, la cruauté ; elle est consti­tuée de rifs de gui­tare et d’accords de basse lan­ci­nants et pre­nants. Bien sûr, il y a de la ten­dresse dans l’œuvre : pour l’humanité, pour ses affec­tions et notam­ment la prin­ci­pale. Face au néant, ne sub­siste que l’amour : même éphé­mère, la pro­messe de durer fait date. Les inter­prètes savent à la fois se déta­cher de la per­son­na­lité qu’ils incarnent et épou­ser ses méta­mor­phoses avec sim­pli­cité et allégresse.

Julien Gos­se­lin res­ti­tue magis­tra­le­ment le dis­cours juste, impla­cable et sar­do­nique de Houel­le­becq. Il en montre l’objectivité, l’acidité, en rend visible la mar­tiale inci­si­vité. Le met­teur en scène a par­fai­te­ment com­pris le roman, dont il livre une ver­sion fidèle, pola­ri­sée par la fameuse loi d’interaction sociale : l’avènement de l’égalité de droit rend plus mani­feste la crois­sance natu­relle des inéga­li­tés de fait. La trans­pa­rence et l’évidence de nos socié­tés expriment cruel­le­ment la fon­cière inéga­lité des êtres. Une magni­fique et fidèle adap­ta­tion du roman majeur de Houel­le­becq : le met­teur en scène a su le lire, le trans­crire, en rendre la ten­sion et l’ironie, le mettre en pers­pec­tive de façon ori­gi­nale.
C’est essen­tiel, por­teur, enthou­sias­mant ; seuls les réfrac­taires au roman­cier y trou­ve­ront à redire. Le tra­vail du col­lec­tif est irré­pro­chable, déci­sif et incon­tes­ta­ble­ment accompli.

chris­tophe giolito


Les par­ti­cules élémentaires

de Michel Houellebecq

mise en scène Julien Gosselin

Cie ‘Si vous pou­viez lécher mon cœur’

avec

Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Fer­ron, Noé­mie Gan­tier, Alexandre Lecroc, Marine De Mis­solz, Caro­line Mou­nier, Vic­to­ria Ques­nel, et Tiphaine Raf­fier
Adap­ta­tion et scé­no­gra­phie Julien Gos­se­lin ; créa­tion musi­cale Guillaume Bachelé ;vidéo Pierre Mar­tin ; son Julien Feryn ; lumière Nico­las Jou­bert ; cos­tumes Caro­line Tavernier.

A l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Ate­liers Ber­thier, 1 rue André Sua­rès Paris 17e (angle du bou­le­vard Ber­thier) Métro (ligne 13) et RER C Porte de Clichy,

Du 9 octobre au 14 novembre 2014

Horaires du mardi au samedi à 19h30, dimanche à 15h relâche le lundi

Loca­tion 01 44 85 40 40 / www.theatre-odeon.eu

Pro­duc­tion Si vous pou­viez lécher mon cœur copro­duc­tion Théâtre du Nord, Théâtre natio­nal Lille Tour­coing Région Nord-Pas-de-Calais, Fes­ti­val d’Avignon, Le Phé­nix — Scène natio­nale de Valen­ciennes, La Rose des vents — Scène natio­nale Lille Métro­pole (Vil­le­neuve d’Ascq), Théâtre de Vanves Scène conven­tion­née pour la danse, Le Mail — Scène Cultu­relle de Soissons

coréa­li­sa­tion Fes­ti­val d’Automne à Paris

avec le sou­tien de la Drac Nord-Pas-de-Calais, de la Région Nord-Pas-de-Calais, de la SACD Beau­mar­chais, du Conseil géné­ral du Pas-de-Calais et de la Ville de Lille avec le Fes­ti­val d’Automne à Paris

Certaines scènes de ce spec­tacle peuvent heur­ter la sen­si­bi­lité des plus jeunes, il est décon­seillé au moins de 16 ans.

Si vous pou­viez lécher mon cœur et Julien Gos­se­lin sont asso­ciés au Théâtre natio­nal de Tou­louse Midi-Pyrénées et au Phénix-Scène natio­nale de Valenciennes.

Créé le 8 juillet 2013 au Fes­ti­val d’Avignon

Tour­née 2014 / 2015 :

Le Quartz — Brest, les 18 et 19 novembre 2014 / Théâtre Natio­nal de Bre­tagne — Rennes,les 21 et 22 novembre 2014 / Le Phé­nix — Valen­ciennes, les 25 et 26 novembre 2014 / La Fila­ture — Mul­house, les 28 et 29 novembre 2014 / Lieu Unique — Nantes, les 2 et 3 décembre 2014 / L’Espal — Le Mans, les 5 et 6 décembre 2014 / Théâtre d’Evreux (Fes­ti­val Automne en Nor­man­die), le 9 décembre 2014 /  Le Préau — Vire, le 12 décembre 2014 / Centre Dra­ma­tique Régio­nal de  Tours, du 16 au 19 décembre 2014 / La Criée –Mar­seille, du 8 au 10 jan­vier 2015 / Théâtres en Dra­cé­nie — Dra­gui­gnan, le 13 jan­vier 2015 / CNCDC — Châ­teau­val­lon, les 16 et 17 jan­vier 2015 / La Comé­die Saint-Etienne, du 21 au 23 jan­vier 2015 / La Comé­die –Valence, les 27 et 28 jan­vier 2015 / Châ­teau Rouge — Anne­masse, le 31 jan­vier 2015 / Les Céles­tins — Lyon, du 3 au 7 février 2015 / Théâtre des 2 rives — Rouen, du 11 au 13 février 2015 / La Faïen­ce­rie– Creil, le 17 février 2015 / Théâtre de Cor­nouaille — Quim­per, les 26 et 27 février 2015 / La Comé­die — Clermont-Ferrand, du 4 au 6 mars 2015 / MC2 — Gre­noble, du 10 au 21 mars 2015 / TNT — Tou­louse, du 25 au 28 mars 2015 / Le Théâtre — Lorient, les 1 et 2 avril 2015 / CDN — Orléans, du 8 au 10 avril 2015 / TAP — Poi­tiers, les 13 et 14 avril 2015 / Le Mou­lin du Roc — Niort, le 17 avril 2015 / Nou­veau  Théâtre — Besan­çon, du 20 au 22 avril 2015 / Théâtre de Vidy Lau­sanne, les 29 et 30 avril, 1er mai 2015 / Espace Mal­raux — Cham­bery, les 5 et 6 mai 2015 / Bon­lieu — Annecy, les 12 et 13 mai 2015 / Théâtre de l’Archipel — Per­pi­gnan, les 19 et 20 mai 2015 / NTA — Angers, les 26 et 27 mai 2015 / L’onde –Vélizy-Villacoublay, le 30 mai 2015 / Théâtre des 13 vents — Mont­pel­lier, du 15 au 19 juin 2015

 

1 Comment

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One Response to Les particules élémentaires (Michel Houellebecq/Julien Gosselin)

  1. Jean-Paul Gavard-Perret

    ça donne vrai­ment envie. Et vive Houellebecq.

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