La dénonciation des méfaits de la guerre ne soutient pas suffisamment l’intérêt des spectateurs
Le plateau est un grand cercle où viennent se constituer les scènes, successivement, comme affectées de la précarité du mouvement qui les porte. On s’agite, on s’invective ; il y a un goût d’instantané dans les répliques qui procèdent de rencontres semblant toujours impromptues. Brecht montre les affres de la guerre à partir de sa lisière, pour en explorer la face cachée, celle des compromis. La Mère courage traverse ses malheurs avec vaillance, détermination, sans paraître plus affectée des tourments qui viennent la blesser jusque dans la chair de sa chair. Le décor, les costumes sont réduits à leur plus simple expression, celle de rudiments. Les intermèdes chantés habitent bien le spectacle, sans toutefois le nourrir.
Carmen-Maja Antoni est truculente, païenne, jamais paillarde, elle est seulement juste. La mise en scène réactive les principes simples qui avaient été ceux du triomphe du théâtre épique au même endroit, en 1954. Le propos est simple, vif, moraliste, il se montre et se veut édifiant, au risque d’apparaître redondant. On assiste incontestablement à un bon spectacle, bien conçu et bien joué. Mais l’ensemble demeure attendu : la dénonciation des méfaits de la guerre par l’exhibition de l’aveuglement de ceux qui s’y soumettent relève d’une intention trop claire, qui ne soutient pas suffisamment l’intérêt des spectateurs au-delà d’une valeur de reconstitution historique, en dépit de la belle énergie déployée sur scène par les comédiens.christophe giolito
Mère courageMutter Courage und ihre Kinder
de Bertolt Brecht Mise en scène Claus Peymann
Avec : Carmen-Maja Antoni, Claudia Burckhardt, Raphael Dwinger, Ursula Höpfner-Tabori, Roman Kaminski, Manfred Karge, Michael Kinkel, Detlef Lutz, Gudrun Ritter, Michael Rothmann, Marko Schmidt, Martin Schneider, Veit Schubert, Martin Seifert, Karla Sengteller, Axel Werner
Musiciens :Matthias Erbe/Michael Yokas violon, Cathrin Pfeiffer accordéon, Silke Eberhard saxophone alto, clarinette, basse clarinette, Clemens Rynkowski piano et direction d’orchestre, Manfred Wittlich guitare.
Production Berliner Ensemble ; Musique Paul Dessau ; décor Frank Hänig ; costumes Maria-Elena Amos ; dramaturgie Jutta Ferbers ; lumières Karl-Ernst Hermann et Ulrich Eh ; arrangements et direction musicale Rainer Böhm ; assistante à la mise en scène Miriam Lüttgemann ; assistant au décor Norman Heinrich ; assistante aux costumes Wicke Naujoks ; souffleuse Sonja Behrens ; régisseur Rainer Manja ; directeur technique Stephan Besson ; chargé de production Mirko Baars ; direction des costumes et des maquillages Barbara Naujock ; maquillages Ulrike Heinemann ; son Alexander Bramann ; rédaction et régie des surtitres Michel Batillon.
Du 17 au 26 septembre 2014,
Au théâtre de la Ville, place du Chatelet,
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-merecourageclauspeymann-738
A 20h30, sauf le dimanche à 15h.
En allemand, surtitré en français. Durée 3h20 avec entracte.
L’Arche est éditeur et agent théâtral de l’oeuvre de Bertolt Brecht traduite en français www.arche-editeur.com