Billy Dranty, Rivage Neuf & Infime infirme infâme

Billy Dranty : de la déréliction

Afin de faire pas­ser ses ins­tants noirs plus vite devant ses yeux, Billy Dranty en rajoute du côté de ses racines pour satis­faire son plus ter­rible ennemi — à savoir lui-même. Néan­moins, par l’exercice de la mémoire « s’emmanche le désap­pris » par « bou­li­mie de signes noirs à gaver le blanc de corps ». Du sang en sortent « les boyaux (qui) bâillent aux cor­neilles ». Mais l’auteur n’en fait pas un fro­mage, d’autant que la rai­son semble chez lui contra­riée : « Tête j’ai ma / où j’imagine ma gira­tion / adossé au fan­tôme mécanisé-tremens / un cou­pe­ret d’échec / à découdre l’orifice impre­nable ». Mais néan­moins, l’auteur reste un brave petit sol­dat sui­vant tou­jours la pente de ses « péri­cli­na­tions » mais se vou­lant tel un teckel puri­fi­ca­teur de fions.

Ruseur de rien et se conten­tant d’un luxe pro­lé­taire, de chaque texte il sort vivant (d’autres s’y seraient écra­sés comme une merde). Frac­turé mais vivant tout de même. Boî­tant sur des quais, tirant la patte ainsi que des parques blêmes. Tou­jours à che­val sur des fron­tières de la langue : et dès qu’il s’en éloigne, y reve­nant fissa-fissa dès que ses acti­vi­tés d’hors-la– loi l’oblige à sor­tir de sa retraite. C’est sans doute pour­quoi son écri­ture est digne de ter­ri­toires psy­chia­triques afin de s’y livrer à des abo­mi­na­tions de choix.
La poé­sie se fait au revol­ver et n’emploie pas le cou­teau (à savoir l’âme des faibles). Billy pour­rait se faire appe­ler Jean : Jean San­terre n’ayant eu d’enfance que brève mais n’étant devenu adulte que très vieux afin de deve­nir roi incon­tour­nable des rimes défaites, des paren­thèses, apar­tés et inserts.
Un tel auteur n’aura connu pour lycée qu’un gibet. Mais en bout de course sa poé­sie aura per­mis de rem­plir la vie entière. Et ce, avant que soit reti­rée l’échelle ou que la tête soit por­tée sur le billot pour débar­ras­ser le corps des mots au nom d’une lote­rie dont la roue n’indique que le zéro.

jean-paul gavard-perret

Billy Dranty,
Rivage Neuf , Fis­sile, Les Cabannes (09), 112 p. - 15,00 €,
Osti­nato - 10,00 €,
Infime infirme infâme — 8,00 €, 
– Intime inti­mer,
Der­rière la salle de bains, Rouen — 8,00 €

 

 

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Filed under Erotisme, Poésie

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