Voilà un énième livre qui s’inscrit dans la mouvance beat-generation made in Europe. Il n’est pas pire que les autres mais en dépit de son flow en fragments, de son lyrisme style Inrockuptibles il prouve que n’est pas Gregory Corso qui veut. Tout les tics et tacs d’une poésie en prose dans laquelle l’énumération tient lieu de prouesse lyrique ne parvient pas à la cheville de Ginsberg. Confort minimum reste un texte paradoxalement vieux tant l’écriture s’assigne à résidence, tant son ambition manque de la facture white-trash où elle voudrait s’inscrire.
Néanmoins, cette prestation est une approche de jeunesse et il faut se garder de jeter ce bain minimum avec son auteur. Reste à sa scansion à devenir barbare en se dégageant d’une naïveté surannée. Le souffle démesuré peut sortir autant de la répulsion que de l’admiration du passé littéraire. Pour l’heure, voulant faire de son livre « un désastre très langue » comme disait Derrida, Dupuis ne réussit qu’un logos admis. Il n’a rien d’indigne mais il manque de radicalité.
Les mots sont en retard, la syntaxe a beau se démultiplier par coupures, tout reste attendu parce que programmé. Confort minimum manque donc d’une ambition poétique néo-punk qui sauverait ce guide du routard de l’état de brouet.
jean-paul gavard-perret
Rorik Dupuis, Confort Minimum, Atelier de l’Agneau, 2014, 99 p. — 16,00 €.
Je ne sais pas si nous avons lu le même livre, mais si c’est le cas permettez-moi de vous dire que vous êtes complètement à côté de la plaque. Ce livre est génial et ne s’inscrit dans aucun genre, il est exactement le contraire de ce que vous décrivez : beau, absurde, moderne et intelligent.
Votre analyse est sans doute assez symptomatique du manque d’esprit.