Quand la poésie danse l’amour

Le théâtre d’Antibéa a vibré de poé­sie et de danse

Le lan­gage poé­tique sur­réa­liste trans­mis par les voix vir­tuoses des comé­diens, Fré­dé­rique Fran­cès et Cédric Garoyan, évo­lue autour du lan­gage artis­tique et cor­po­rel que repré­sente la dan­seuse Sophie Ray­naud. Les trois artistes dominent l’espace scé­nique, quasi nu, impré­gné par la seule den­sité des textes lus, et appuyé du jeu des lumières et notam­ment le clair-obscur.
Le sur­réa­lisme pro­pose une concep­tion renou­ve­lée de l’homme et du monde, par le biais de mul­tiples genres dont il abo­lit les fron­tières. De même, le spec­tacle abo­lit les fron­tières lais­sant s’entremêler, poé­sie, danse et théâtre. D’emblée, le spec­ta­teur est trans­porté par une force dra­ma­tique née de cette rela­tion dia­lec­tique entre ces trois arts. La fron­tière, se bri­sant entre les genres, laisse place à la fusion et à l’harmonie. Et la lec­ture poé­tique de pui­ser sa force dans les échos et cor­res­pon­dances. S’opère alors l’envol auquel nous sommes conviés par cette nou­velle esthétique.

L’envol est dû au dia­logue qui s’instaure natu­rel­le­ment. Disons plu­tôt un tria­logue théâ­tral, dont le tri­angle tra­di­tion­nel – mari, femme, amant –  s’efface pour se res­ser­rer autour d’un autre tri­angle, poé­sie, danse et théâtre.  Les textes,  intel­li­gem­ment choi­sis, s’articulent de façon har­mo­nieuse et les voix les portent tout en les inter­ro­geant. Des textes qui paraissent si simples, c’est dire tout le tra­vail en amont ! Les inter­prètes talen­tueux, à la parole sou­te­nue révé­lant la maî­trise de la métrique, du rythme, se prê­tant par moments au jeu du micro et ses effets, captent notre atten­tion, avec une grande inten­sité. La parole poé­tique devient la matière même du spec­tacle, et la danse son enjeu.
Dans une atmo­sphère cha­leu­reuse ou sau­vage, la dan­seuse, Sophie, incarne la parole poé­tique et vit la musique. Tour à tour, selon qu’il s’agisse d’un Avi­shai Cohen, d’un Aubry, d’une Valse de Cho­pin, sa danse est dyna­mique, méca­ni­sée ou sen­suelle. Et nous, spec­ta­teurs, hap­pés par ce monde intime, par les trois artistes évo­luant de concert ou en solo, à la lisière entre théâtre et danse, fré­mis­sons à chaque mou­ve­ment. La danse n’est plus un simple ornement.

La magie de ce spec­tacle réside dans la sug­ges­tion, mais aussi dans la poé­tique, qui réat­tri­bue à la créa­tion son vrai sens. Cette poé­sie cho­ré­gra­phiée exalte le théâtre tout en renou­ve­lant notre per­cep­tion du réel et de nous-mêmes, spec­ta­teurs. Tout pour régé­né­rer l’amour et rendre hom­mage à nos grands poètes. Le théâtre d’Antibéa a vibré de poé­sie et de danse.
Une leçon d’art inoubliable.

sabrina paille

Quand la poé­sie danse l’amour 

Textes : Robert Des­nos, Paul Eluard, Jacques Pré­vert, Louis Ara­gon, Guillaume Apol­li­naire, Phi­lippe Sou­pault, André Bre­ton, René Char…

Comé­diens : Fré­dé­rique FRANCÈS et Cédric GAROYAN Cho­ré­graphe — Dan­seuse : Sophie RAYNAUD Lumières: Jean-Pierre FRANCES Pho­to­graphe — scé­no­gra­phie et décors : Nico­las RAYNAUD

Com­pa­gnie Sof / Anti­béa Théâtre
15 rue georges clé­men­ceau 06000 antibes (vieil antibes)

Les jeu­dis 9 et 16 Octobre 2015 à 20h30

Réser­va­tions : Anti­béa Théâtre — 04 93 34 24 30

Tarif unique: 10 euros

 

 

 

 

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