Une bien belle et tonique sorcière !
De naissance, Magda est une sorcière. Elle pourrait être très puissante, possédant le double-glyphe, pour peu qu’elle soit initiée à la magie. Elle ne maîtrise que quelques sorts mineurs dont elle se sert très bien, d’ailleurs, pour escroquer des antiquaires. En déplaçant des objets en sarabande dans leur boutique, elle leur fait croire qu’ils sont envoûtés par Jean l’Ecorcheur. Elle est toujours accompagnée par Magpïe, une pie bavarde et quelque peu voleuse.
Des policiers font irruption chez elle. Après une course poursuite mouvementée, elle est emmenée dans le bureau de l’inspecteur Maulincourt. Toutefois, ce n’est pas pour l’épais dossier qu’il a sur elle qu’il voulait la voir. Des faits étranges se produisent dans Paris. Des habitants tombent comme des mouches, victimes d’hallucinations, le Gibet de Montfaucon ressurgit dans un quartier retourné au Moyen-Age… L’inspecteur a besoin de Magda. Celle-ci est alors confrontée à une puissance magique qu’il lui faut combattre malgré le danger. De plus, des événements de son passé viennent interférer avec le présent.
François Debois donne une vision attractive de la sorcière en présentant celle-ci sous les traits d’une jeune et jolie jeune fille. Il met en scène un univers qui, par beaucoup de ses aspects, ressemble au nôtre, mais possède la particularité de compter des sorcières dans sa population. Ces dernières n’ont pas la vie facile. A l’image de certaines minorités, elles sont sous une ferme surveillance des pouvoirs publics après un recensement qui a laissé des traces douloureuses. Autour de son héroïne, le scénariste construit une galerie de personnages attachants avec, par exemple, l’inspecteur Maulincourt qui ne reste pas insensible aux charmes de la jolie sorcière. Si l’auteur introduit une large dose d’humour dans les situations, l’essentiel de celui-ci est contenu dans une succession de dialogues savoureux à suivre.
Kristel pour sa part réalise un dessin tonique, à l’image de l’héroïne. Sa mise en page, bien que classique, est attractive et offre une lecture dynamique de l’histoire. Traité en couleurs directes, ce graphisme tient ses promesses et séduit le regard.
Ce premier volet du diptyque possède toutes les qualités pour donner une sérieuse envie de connaître la suite.
serge perraud
François Debois (scénario) & Krystel (dessin et couleur), Magda Ikklepotts - tome 1, éd. Ankama, juillet 2014, 56 p. – 13,90 €.