Sarah Lotz, Trois

Un, deux, trois…le décompte vers l’apocalypse vient de débuter…

Tout débute par un crash d’avion..ou plu­tôt quatre. Quatre avions de ligne de  quatre com­pa­gnies dif­fé­rentes viennent de s’écraser simul­ta­né­ment aux quatre coins du monde : en Asie, en Afrique, en Amé­rique, et en Europe. Simple coïn­ci­dence ? Mal­chance ? Sabo­tage ? Cette invrai­sem­blable loi des séries semble plus tenir du com­plot inter­na­tio­nal, et d’étranges hypo­thèses sont for­gées quand on découvre trois sur­vi­vants. Sur trois des sites, un enfant est retrouvé indemne, mais trau­ma­tisé. Les trois sur­vi­vants sont alors le centre de toutes les atten­tions des medias, et sont aussi convoi­tés par leurs familles, ou par des mou­ve­ments reli­gieux sec­taires.  Très vite, on les sur­nomme les cava­liers de l’Apocalypse, mais ne devrait-il pas y en avoir quatre en tout ? La chasse au qua­trième est lan­cée en Afrique, alors que d’étranges  phé­no­mènes sur­viennent autour des trois pre­miers sur­vi­vants et dans le monde. Qui sont vrai­ment ces enfants ? Quel secret cache leur sur­vie, et quel ave­nir annonce-t-il ?

D’ori­gine anglaise, Sarah Lotz pro­pose ici son pre­mier best-seller  inter­na­tio­nal après quelques romans jeu­nesse, et des scé­na­rios.  La construc­tion de son livre peut dés le départ décon­cer­ter le lec­teur. En effet, elle construit son propre récit en prê­tant voix à une auteur fic­tive qui s’appuie elle-même sur des témoi­gnages, des rap­ports d’experts, des extraits de conver­sa­tion mai­lique pour sor­tir son propre roman.  Cette nar­ra­tion éclai­rée est vrai­ment bien menée, pour­tant elle devient vite ennuyeuse au bout d’une cin­quan­taine de pages, car l’intrigue tarde trop à démar­rer, et le lec­teur impa­tient est en manque d’action. Trop de témoi­gnages finissent par nuire à l’intrigue, et il est dif­fi­cile de déve­lop­per une quel­conque empa­thie envers l’un ou l’autre des per­son­nages. Les chan­ge­ments de point de vue visent à nous embrouiller…mais peut-être beau­coup trop, et il nous fau­dra vrai­ment attendre les cin­quante der­nières pages pour voir notre inté­rêt relancé, et tout bas­cu­lera enfin. De bonnes idées donc, mais mal agen­cées, qui alour­dissent et rendent com­plexe la lec­ture.  Cer­tains crie­ront donc au génie, d’autres refer­me­ront vite ce livre (peut-être trop vite !).

De plus sa clas­si­fi­ca­tion en tant que thril­ler par de nom­breux libraires ou sites peut prê­ter à confu­sion, on est plus proche du fan­tas­tique. Reste à savoir si, tout comme Ste­phen King, vous trou­ve­rez ce roman génial. Pour ma part, je ne suis pas entiè­re­ment convaincu, et ai achevé la der­nière page en me disant : “tout ça pour ça”. Cepen­dant, les thèmes abor­dés comme l’influence  des médias, le pou­voir tou­jours crois­sant des réseaux sociaux, le fana­tisme reli­gieux, la peur de l’avenir suite à la crise éco­no­mique, réus­sissent à main­te­nir l’ inté­rêt et amènent aussi à réflé­chir. Un roman hors normes donc, qui entraî­nera lui aussi des réac­tions très variées.

franck bous­sard

Sarah Lotz, Trois, Fleuve Noir, 2014, 526 p. –19,90 €.

 

 

Leave a Comment

Filed under On jette !, Pôle noir / Thriller

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>