Pour Cécile Hug, l’intimité se fait insecte. Celui-ci se lève le matin (sans avoir forcément beaucoup dormi). Il reste enfantin : les rêvent parfois courent après lui. Il ne renonce à rien. Il poursuit. Parfois un doute, parfois l’amour. Il reçoit et répond. Pour lui, il s’agit d’une rencontre. Mais elle reste ici différée. Existe sous ce que le tissu cache ou tisse celle qui tire les rideaux, les fils, les ficelles. Cela conforte la feinte de monstration de la féminité dans une étrangeté. Le fonctionnement reste secret.
Un latin de cuisine intestine résonne dans les friselis de formes comme des gazouillis d’oiseaux par temps d’orage. Aucun ogre qui croiserait le chemin de telles égéries ne pourrait les emmener dans les bois. Traverser leur textile léger où sont assemblés des vestiges gris argent sous une lumière blanche reste une vue de l’esprit. La nuit venue, les ombres y disparaissent comme à la surface d’un sirop très longtemps bouilli lorsqu’elle se ride de brillant.
Les fées suggèrent un secret par déboîtement de sornettes. Le voyeur achoppe en un cirque de pétales. Que de lunaisons, que de nuits à attendre la légende sur la piste des souvenirs. Cécile Hug en brode des dentelles. Dessous pour les hommes, ce serait une arrivée mais pour elle un passage suggéré, un rapport de couleurs pour des lallations orgasmiques de sultane là où la pomme tomba de l’arbre d’Eden. Elle ne sera pas croquée.
Dans ce livre, les images s’associent à la poésie en anglais de Marie-Laure Dagoit. Elle a pour but de créer des instantanés de vie en tentant de les faire partager à travers sa musique. Elle ronronne en états d’âme partant de Beethoven jusqu’à St®ing. Le lieu s’y fait Alchimie sous divers reflets, mythes. Nous l’avons vu maintes fois mais jamais ainsi. Il n’a rien de matériel. Il lance des signaux invitant le monde à vivre en amour. Ce dernier feint de s’offrir au moment même où il se retire. Match nul donc. Le tout est de savoir écouter/voir à travers se qui se dessine et murmure.
jean-paul gavard-perret
Cécile Hug, L’entrejambe, texte de Marie-Laure Dagoit, éditions Derrière la salle de bains, Rouen, 2014.