Elizabeth Prouvost, L’Enfer de Dante

L’Enfer au Paradis

Sans tra­hir Dante – bien au contraire –, Eli­za­beth Prou­vost dans ses pho­to­gra­phies noc­turnes illustre tout ce que l’Italien sug­gé­rait mais en pro­lon­geant son pro­pos. Les corps se tordent en fidé­lité au texte ori­gi­nal. Néan­moins, la pho­to­graphe pêche dans les étangs noirs et sombres des cercles de l’Enfer tout ce qui non seule­ment le, mais nous tra­verse. Sur­git une force humide, pro­fonde, péné­trant jusqu’aux os. Nous éprou­vons presque une odeur de musc et de vase plus que de souffre.

Emanant de lumières enfouies, le corps se dilate. Se sai­sissent des gestes de jeunes filles envers leurs soies et leurs larves. Ces cadavres exquis sont le signe d’une ivresse sans dieu. Un soleil para­doxal creuse par­fois les ventres. Des bruits semblent cla­quer dans un flot qui brise la mort et la puni­tion en ruis­sel­le­ments. Existent ça et là des carpes étranges qui se lovent comme des ser­pents.
Avec déli­ca­tesse et ten­dresse, Eli­za­beth Prou­vost tire la brute hors des eaux. Elle couche le halè­te­ment sur des berges fié­vreuses de brumes. Demeure l’étrange hyp­nose des désirs qui ne se sont pas tus : le regar­deur y épouse des corps pri­son­niers mais cou­chés contre lui. Qu’importe si l’excrément du péché coule dans son sang.

jean-paul gavard-perret

Eli­za­beth Prou­vost, L’Enfer de Dante,
– Edi­tions La Sété­rée, Jacques Clerc, Crest, 2014.
– Expo­si­tion Gale­rie Agathe Gaillard, Paris, 15–22 octobre 2014.

3 Comments

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3 Responses to Elizabeth Prouvost, L’Enfer de Dante

  1. sanda voïca

    Infer­na­le­ment sexuel, fina­le­ment, tout ça !

  2. Elizabeth prouvost

    Le corps est le seul bien qui nous appartient.

    Cet enfer que j’ai voulu mon­trer est plus un com­bat d’énergie qu’une lutte quelle qu’elle soit avec la matière.
    Repen­ser le “sacré” du “vivant”, à la limite, de l’impossibilité de com­mu­ni­quer par le tou­cher.
    Tout est fluide et “non sai­sis­sable”.
    C’est l’Enfer de l’incommunicabilité.

    • sanda voïca

      Je vous remer­cie pour ces pré­ci­sions.
      Je com­prends très bien votre démarche, sur­tout que ces der­niers temps (et depuis tou­jours, fina­le­ment) je suis (aussi) dans ce ques­tion­ne­ment de l’énergie, du non sai­sis­sable — comme vous dites — et de l’incommunicabilité ; ou bien : d’autres moyens de com­mu­ni­ca­tion que les phrases ou images de “contact”…

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