Avec Car l’enfer est ici, Luc Brunschwig et Laurent Hirn donnent une suite, prévue en six tomes, des aventures palpitantes de Joshua Logan, l’ancien vétéran des Forces Spéciales, et de Jessica Ruppert. Le premier est accusé d’être l’auteur d’un horrible attentat faisant plus de cinq cents morts, la seconde est très contestée pour la gestion de la ville. Ce second cycle débute six mois après la clôture de la série précédente.
Joshua s’est rendu à la police. Il compte sur un procès équitable et, pour prouver son innocence, veut révéler le complot qui a permis l’accès de Jessica Ruppert au poste de maire de New York. Son avocat, bien que sérieusement tabassé, continue à explorer le passé de son client, relevant des anomalies, des contradictions dans le déroulement des faits, dans les témoignages. Parallèlement, la campagne pour l’élection au poste de gouverneur de l’État de New York bat son plein. Les supporters des candidats n’économisent pas leur peine pour convaincre les électeurs de voter pour le candidat qu’ils soutiennent.
Dans l’ombre, les véritables criminels réduisent les témoins au silence, effacent ou brouillent les pistes…
Luc Brunschwig dévoile une partie de l’adolescence de son personnage central et les raisons qui l’ont amené à entrer dans l’armée. Il fait dire au journaliste qui reçoit la confession de Logan : “Il y a quelque part un dieu qui vous déteste comme rarement un dieu a détesté un être humain.” Le scénariste tisse, entre les divers intervenants, des rapports d’une grande justesse, élaborant des portraits saisissants, des profils psychologiques précis et réalistes. Il met en scène les coulisses d’une élection aux États-Unis, montrant les liens étroits entre les mondes de la politique, ceux du grand banditisme et de la finance. On peut penser que de telles situations n’existent pas dans notre pays. Cependant, au regard des derniers scandales hexagonaux, on s’aperçoit que les politiques français n’ont pas de leçons à prendre de leurs homologues d’Outre-Atlantique. Se pose alors la question : dans cet univers où tous les coups sont permis, peut-il y avoir une place pour des individus honnêtes, dont le seul souci serait le bien-être des citoyens ?
Ce nouvel opus, avec son lot de révélations et de rebondissements, s’inscrit dans la lignée des albums précédents, pour une histoire tonique, d’une grand densité d’action et émotionnelle, au déroulement maîtrisé, au suspense savamment dosé. Laurent Hirn assure la mise en scène et le storyboard, laissant à David Nouhaud le soin du dessin et de la couleur. Ce dernier maintient le niveau graphique de la série précédente avec brio.
Cet album, qui porte pour titre 3 témoignages, ne dépare pas la saga avec la mise en images réussie d’une intrigue de haut niveau.
serge perraud
Luc Brunschwig (scénario), Laurent Hirn (Storyboard) & David Nouhaud (dessin et couleur), Le pouvoir des innocents, Cycle II, tome 2 : “3 témoignages”, Futuropolis, avril 2014, 56 p. – 13,00 €.