David Plante, American stranger

De l’inquiétante étrangeté

Dans ce roman de David Plante, né en 1940 d’une mère franco-canadienne et d’un père des­cen­dant d’Indiens d’Amérique, nous sui­vons le par­cours de l’héroïne, Nancy Green, jeune femme juive ash­ké­naze dont les parents ont quitté l’Allemagne pour se réfu­gier à New York.

Cette étu­diante de Bos­ton qui connaît peu de choses du passé de ses parents nous livre ses amours tumul­tueuses. Elle a tout pour être heu­reuse, jeune, riche, insou­ciante… Elle ren­contre dans un pre­mier temps, un jeune juif ortho­doxe, Aaron Cohen converti au chris­tia­nisme qui compte entrer dans les ordres. Nancy est très atti­rée par ce per­son­nage qui se refuse à elle, pre­mière décep­tion. Puis elle ren­contre, lors d’une soi­rée, un franco-canadien (ori­gines de l’auteur), Yvon Gen­dreau, un “raté trans­cen­dan­tal” qui la fait vibrer. Lui aussi suit une reli­gion très stricte pour faire plai­sir à sa mère. Il a la place la plus impor­tante. Elle se marie enfin avec un avo­cat anglais, Tim Arbib, juif séfa­rade, et tente de deve­nir une épouse modèle en par­ti­ci­pant à sa réus­site sociale et en lui don­nant des enfants. Elle ne par­vient pas au résul­tat escompté et ne se fera pas aux habi­tudes anglaises. De plus, son mari est violent et trop terre à terre. Elle rentre donc à New York.
Dans cette troi­sième étape de sa vie, Nancy, ayant  “le sen­ti­ment d’être à la fois dans son pays et d’en être étran­gère”, com­prend que si elle n’est pas recon­nue en Angle­terre, elle est aussi étran­gère à son retour aux Etats-Unis…

Les per­son­nages de ce roman sont de com­mu­nau­tés dif­fé­rentes et peu clairs dans leur choix de reli­gion.  Aaron en change, Yvon en suit les rites mais vou­drait la mettre de côté et Tim vit au pré­sent en gar­dant pré­cieu­se­ment des objets de culte.  Au fil des hommes, Nancy découvre qu’elle ne connaît rien des fon­da­men­taux juifs, elle est pro­fane et que sa quête du bon­heur n’est pas si simple.
Dans ce livre qui se lit d’une traite, les sen­ti­ments fémi­nins sont certes bien retrans­crits, ce qui peut paraître éton­nant sachant que l’auteur est un homme. En revanche, l’atmosphère y est pesante, un peu trop sombre à mon goût, j’aurais pré­féré quelques éclair­cies ou du moins des éclair­cies durables.

ophe­lie heurtebize

David Plante, Ame­ri­can stran­ger , 10/18, février 2014, 260 p. — 7,50 €

 

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