Eric Dubois, Journal

Ce qui arrive

Dans ce jour­nal (qua­si­ment d’une part de sa folie et son hos­pi­ta­li­sa­tion) “à l’orée des pré­ci­pices à l’aventure des Esprits cor­res­pond la Nuit”, l’auteur a pensé à Klee et en fili­grane à Artaud enpen­sées  et pas­sions sab­ba­tiques où tout est confus, tout se trouble. L’auteur retrace ses péré­gri­na­tions et ses issues de secours dont l’écriture n’est pas pour rien. Elle le sauve tout en « pho­to­gra­phiant » ce qui fut dans ce Jour­nal. Sou­vent en rame­nant sou­ve­nirs et lec­tures d’avant et par­fois d’après.

De cette confu­sion se dégage un ordre où « le savoir est un épi de blé qui nous inter­roge » face à l’insensé et pour retrou­ver l’amour (dont celui de la vie) par l’écriture pour plon­ger dans et conce­voir le sens de la vie. Guidé par des semaine d’indécision, au-delà de la voyance, l’auteur atten­dait sa libé­ra­tion hors du dif­fé­rent et du sombre. Il en retrace sources et situa­tions au milieu des neu­ro­lep­tiques. Le tout pas­sant du mys­tique et du reli­gieux à une forme de recréation.

D’où et aussi ce témoi­gnage sur la mala­die psy­chique et ses ava­tars pour espé­rer rejoindre du neuf, de l’inédit lavé d’une pluie sal­va­trice, d’un soleil rédemp­teur. Bref, pour que son «moi » de l’époque rede­vienne un autre et ce qu’il va être, pro­dui­sant par­fois « un poème, une ébauche de roman ou de pièce de théâtre, des formes au stylo, au feutre, au crayon, à la gouache, à l’acrylique, à l’huile et au pas­tel, du tachisme à l’abstrait expres­sion­niste, des figures humaines naïves, gros­sières, des pay­sages urbains issus d’un passé recomposé ».

Et d’ajouter : « Je ne sais pas des­si­ner, je n’ai pas de tech­nique, mais je crée quand même. J’ai été à l’école de mes nuits, j’ai pris des cours avec mes hal­lu­ci­na­tions. » L’écriture peu à peu le sauve car elle n’use pas l’espérance. Tout compte fait, « La lit­té­ra­ture c’est davan­tage pour­quoi écrire que com­ment écrire même si com­ment importe beau­coup ! C’est ce que j’ai réussi le mieux, écrire, non pas tra­vailler, connaître une vie sociale et pro­fes­sion­nelle nor­ma­tive », pré­cise l’auteur. Il aspire à une légè­reté par une pen­sée dont le pis­til prend essor.

jean-paul gavard-perret

Eric Dubois, Jour­nal, Édi­tions Douro, collec­tion La Bleu Tur­quin, 2024 — 20,00 €.

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