Quinte et sens

(Qui est Beckett ?)

Commen­çons par la fin puisqu’avec l’œuvre de Beckett tout reprend. Dans son ultime livre (une seule feuille A-4 offerte gra­tui­te­ment et en pro­mo­tion par les édi­tions de Minuit), le passé l’encouragea et le pré­sent l’électrisa en crai­gnant peu l’avenir pour déli­vrer un der­nier mes­sage : celui du savoir mou­rir et de se taire — à la lettre près et sans fin de point final.

Un tel appren­tis­sage à mou­rir aide le temps qui nous est imparti et per­met de vivre plus libre­ment des mots qui insufflent un ciel impas­sible. Son pas­sage va nous han­ter long­temps. Ses moments, ses ins­tants attirent notre pen­sée. La com­po­si­tion est par­fai­te­ment écrite. Il a su en découdre avec l’image sans pitié.

Quant à son corps — un peu recro­que­villé ou gau­che­ment allongé dans son Ephad han­tée – il finit entre l’angle fiché dans le mur clair et l’angle opposé dans le plan­cher, visage et sexe cachés der­rière du vieux papier-peint déchiré. Il avait déjà enfermé dans l’espace vidé de ses textes tout corps flouté.

jean-paul gavard-perret

Photo : Fran­çois Gragnon

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