Quand le roman noir australien…
Après les aventures dramatiques vécues dans La Chasse (Sonatine — 2021), Maggie décide de disparaître. Elle se réfugie à Port Douglas où elle se fond dans la population de cette station balnéaire Elle se remémore les circonstances, un an plus tôt, qui l’ont amenée chez son père pour récupérer des informations et de l’argent. Il l’a surprend pendant qu’elle vide son coffre. Pour se défendre, elle le pousse et il dévale l’escalier.
À Port Douglas, elle occupe un emploi de serveuse dans le bar d’Andrew. Tout va bien jusqu’au soir où Len arrive et se comporte en patron. Andrew lui doit de l’argent et il est terrorisé. Maggie ne supporte pas cet individu et décide d’agir. Quelques jours après, elle le suit et, avec la rage qui l’habite, elle fait en sorte de provoquer un incendie, des dégâts et espère la mort du truand.
La vie reprend son cours mais très vite Maggie a le sentiment d’être épiée, suivie. Malgré ses efforts, elle n’identifie personne jusqu’au moment où se matérialise un policier, un ami de son père. Et celui-ci va entraîner la jeune femme dans une nouvelle cavale détonante où elle va devoir assumer un héritage bien lourd…
L’héroïne souffre de traumatismes profonds. Elle a été abandonnée par sa mère alors qu’elle n’était qu’une gamine et a été élevée par un père brutal. Elle s’est lancée dans la recherche de sa mère en se confrontant avec différentes factions d’une pègre qui officiait dans tous les domaines criminels. Elle doit se battre pour survivre et tenter d’aller au bout de sa quête malgré les barrages qui se dressent sur sa route.
Dans le présent roman, elle va devoir fuir ayant à ses trousses la police qui la recherche activement pour différents raisons et un gang de trafiquants qui veulent se venger de l’affront qu’elle leur a fait subir. Elle se retrouve au cœur d’une guerre sans merci, d’une course contre la montre, mais possédant des possibilités de défense, elle affronte les pires situations. La rage qui l’anime depuis son enfance tronquée l’aide à se surpasser.
Le romancier tisse, autour de cette jeune femme singulière, une intrigue solide, une suite d’actions toniques. Il l’entoure d’une suite de personnages tout à fait réalistes dont les natures sont loin d’être limpides et innocentes.
Avec une écriture incisive, un style alerte, Gabriel Bergmoser met en scène une belle traque qui comporte tous les éléments pour en faire un roman attractif, difficile à lâcher avant d’en savoir plus. Le dénouement laisse supposer une suite qui serait la bienvenue.
serge perraud
Gabriel Bergmoser, L’Héritière (The Inheritance), traduit de l’anglais (Australie), par Charles Recoursé, Sonatine éditions, novembre 2024, 272 p. — 21,50 €.