La réussite, à de rares exception près, est l’apanage d’un groupe d’individus qui ont su mutualiser leurs compétences, leurs dons, leurs capacités. C’est ce que James Orwood a bien compris. Il veut appliquer le principe cher à Robin des bois : prendre aux riches pour donner aux pauvres. Sauf qu’il n’a pas l’intention d’appliquer la seconde partie du précepte.
Dans le Londres de 1820, il va s’entourer de Fanny, une prostituée qui a eu maille à partir avec les Black Birds, une bande d’affreux spécialisés dans l’attaque de diligences. Il recrute Lario, un Italien qui a dû quitter précipitamment la cité des Doges pour cause d’assassinats. Il utilise ses nouveaux associés pour délivrer Lucrèce qui faisait partie d’un convoi de condamnées à l’exil. À son groupe, il donne le nom de Golden Dogs, en référence aux chiens qui peuvent valoir leur pesant d’or. Si les premiers vols rapportent peu, ils permettent d’affiner leur mode opératoire en fonction de la situation et des capacités de chacun. Ils prennent confiance et se lancent dans des affaires plus conséquentes. Mais, trop de confiance en soi engendre…
Londres, au début du 19e siècle, avec ses quartiers malfamés représente le cadre idéal pour une histoire de grand banditisme. Dans ce premier tome, Stephen Desberg consacre une large part à la constitution du groupe, à la découverte du passé de la jolie Fanny, et aux premiers vols avec la mise en harmonie de leurs modes opératoires. Mais, dès le début, le scénariste introduit le ver dans le fruit en prévenant qu’un traître se cache dans ce groupe. Dès lors, chaque mouvement, chaque action d’un membre est sujet à suspicion. L’auteur introduit un rythme musical par le biais du chef de bande qui assimile leur méthodologie à la mise en œuvre de la musique, chacun représentant un instrument.
Le duo des créateurs des premiers tomes d’Empire USA et de Sherman est reconstitué puisque c’est Griffo qui assure le dessin. La mise en couleurs est réalisée par Roberto Burgazzoli et Bautista. Griffo, comme à son habitude, assure un dessin de qualité, mettant en valeur le cadre choisi avec beaucoup de savoir-faire.
Un premier tome attractif avec des éléments d’une histoire à suspense dans un cadre historique où se mêlent une enquête policière, une fresque sociale et un thriller psychologique.
serge perraud
Stephen Desberg (scénario), Griffo (dessin), Roberto Burgazzoli et Bautista (couleurs), Golden Dogs, Tome 1 : “Fanny”, le Lombard, janvier 2014, 56 p. – 14,45 €.