Mika Sperling, Je n’ai rien fait de mal

Meurtre de l’innocence

La pho­to­graphe pré­cise l’enjeu de son livre : « Depuis que ma première-née peut mar­cher, une forte sen­sa­tion d’inconfort m’envahit quand je la vois en pré­sence d’hommes âgés. »  A par­tir de ce malaise, et suite à la nais­sance de ses propres enfants, elle revient à son passé dou­lou­reux : il lui fal­lut vingt ans pour faire face à l’ombre de son grand-père qui a abusé d’elle pen­dant de nom­breuses années.

Sur cette forme d’album de famille, elle le confine à ce sta­tut d’ombre, décou­pant sa sil­houette pour évo­quer la menace qu’il repré­sen­tait et qu’elle a retiré de sa vie. Sur ses cli­chés appa­raît donc une jeune enfant, sou­riante, réser­vée, à côté de cette pré­sence pour le moins -  et c’est peu dire -  « encom­brante ».
Ces archives fami­liales dia­loguent avec des pho­to­gra­phies récentes prises sur le che­min qui relie la mai­son natale à celle du grand-père. Des cli­chés font remon­ter ses sou­ve­nirs. Appa­raît sur quelques pages un bébé, qui incarne la pureté de l’enfance, Mais entre les pho­to­gra­phies et son grand-père, sur­gissent ces mots apo­cryphes « Je n’ai rien fait de mal ».  Devant le  désir du grand-père qui la tua, ce livre devient un exu­toire et une rémis­sion de ses dou­leurs premières.

jean-paul gavard-perret

Mika Sper­ling, Je n’ai rien fait de mal, Actes Sud, novembre, 2024, 156 p. — 29,00 €.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>