Le beau mot italien « Fantasia », Munari — maître entre autres du design – l’a défini : « Tout ce qui n’existait pas auparavant, même si c’était impossible.» Imagination, invention, créativité et imagination font donc partie de ses communications visuelles.
Dans ce livre, il explique tout cela par des arguments clairs et de très nombreux exemples visuels connus et inconnus. Il apprend aussi comment stimuler la créativité et comment entraîner l’esprit à être plus souple et plus prêt. Mais il pousse encore plus loin deux questions fondamentales : comment ces facultés humaines fonctionnent-elles ? Quel rapport ont-elles avec l’intelligence et la mémoire ?
Il propose ses bractées voire des pièces foliaires très simplifiées ou réduites à sa base. Elles prennent une consistance ferme à ses réflexions volontairement digressives, transformées de certaines écailles d’artichaut en inflorescences ou en pièces tuniquées de bourgeons de marronnier. Certes, les énigmes de l’intelligence sont fermées et Munari comme tout le monde n’a pas sa clé. Mais ce qu’il sait est plus mignon que ce qu’il mena jusqu’à son âge avancé ( sans que ce fut de sa faute et il n’eut pas besoin de s’en excuser.)
Son livre est donc un des ces volumes mûris pour une opération de vaste envergure. Il n’existe jamais dans ces spéculations et aventures de l’esprit d’erreurs commises. Même si chez beaucoup de créateurs elles sont comprises dans leur forfait comme anthologie des schizophrènes. Pour eux, c’est du fendu jusqu’à mi-cuisse et moitié transparent. Chez lui, l’imaginaire se dénude.
jean-paul gavard-perret
Bruno Munari, Fantasia, Edizion Laterza, Bologne, 2024, 224 — p. 33,00 €.
Bravo Bruno dont ” l’imaginaire se dénude ” foi de JPP !