La Révolution française a été une période très riche en événements, bouleversements, péripéties, désordres, confusions. Avec Victor Dauterive, Jean-Christophe Portes en raconte l’évolution. Ce huitième épisode des enquêtes de son héros porte sur une période qui se situe entre février et mai 1793.
Le capitaine de gendarmerie Victor Dauterive est en embuscade pour surprendre John-Hufford Stone qu’il soupçonne d’être un agent anglais impliqué dans le trafic de faux assignats. Or, au moment où il va pouvoir le prendre sur le fait, Dossonville fait tout capoter. Cet être ignoble, profiteur, agent double, voire triple, a essayé de le tuer plusieurs fois, s’en est pris à Joseph. Victor entre dans une rage folle.
Après avoir fait le point sur l’affaire avec Charpier, devenu presque un père pour lui, il regagne le quartier du Marais où il loue un appartement. Il partage celui-ci avec Marie-Anne, son ex-amour, et sa petite fille, avec Joseph qu’il a pris à son service l’année précédente et ce bon vieux Duperrier. Ce dernier est sorti et tarde à rentrer pour le dîner. Joseph, parti à sa recherche, rentre bredouille. Quelques minutes plus tard, des hommes amènent le cadavre du vieil homme. Il a été écrasé par une voiture. Victor est démoli.
C’est en faisant une toilette funéraire que Marie-Anne remarque une blessure troublante derrière la tête. Victor veut comprendre pourquoi on a tué ce vieillard. Or, celui-ci cachait bien des secrets.
C’est dans la région nantaise qu’il va se rendre au moment où la révolte gronde en Vendée, où les paysans s’estiment grugés et pour défendre les curés qui n’ont pas prêté serment à la Nation…
La situation de la France est cruciale, menacée de toutes parts. Il y a quelques semaines, le roi a été guillotiné, la Prusse et l’Autriche ont massé des troupes aux frontières, l’Angleterre de Pick multiplie les agressions avec ses espions introduits dans tous les milieux.
Depuis le début de la série, le romancier-historien mêle des personnages authentiques à des protagonistes de sa création qui ne font pas tache dans le paysage. C’est ainsi que l’on retrouve tous les cadors qui peuplent la mémoire collective plus quelques-uns que les livres d’histoire ont oubliés à juste titre. Il livre des portraits justes, loin de l’image parfaite construite à grands renforts d’approximations ou de valorisation du mouvement.
Il montre les partis en présence, ceux de l’extérieur massés aux frontières et ceux de l’intérieur en Vendée et à l’Assemblée nationale. Si les Montagnards étaient à peu près unis, les Girondins sont à l’image de la gauche française. Ils se nomment les Brissotins, les Rolandistes… D’ailleurs, le terme de Girondins ne voit le jour qu’en… 1847 sous la plume de Lamartine !
Le romancier montre les parvenus, ces individus qui profitent de la situation pour s’introduire dans les nouvelles sphères du pouvoir. Or, ces sphères sont composées de la même engeance si peu recommandable. Olympe de gouges ne décrit-elle pas la perfidie de Robespierre, le gnome, l’avorton Marat…
Mais avec tout ce beau monde et son héros qui cherche à rester honnête, Jean-Christophe Portes compose une intrigue remarquable en rouerie en se plaçant plus dans la vie privée de Victor, et de ceux qui l’entourent, que dans les épisodes précédents. C’est ainsi qu’une large partie est consacrée aux recherches du capitaine pour comprendre la personnalité de Duperrier et les raisons qui ont conduit à son assassinat.
Un nouvel opus d’une rigueur historique remarquable, doté d’une enquête riche en péripéties et rebondissements.
serge perraud
Jean-Christophe Portes, La Conspiration des Royalistes, une enquête de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire, City Éditions, coll. “Roman”, août 2024, 400 p. — 21,00 €.