Antoine Tracqui & Paolo Antiga, Autopsie — t.01 : “Le Sacrificateur”

Un rituel dément…

Les anciennes reli­gions qui exi­geaient des sacri­fices pour apai­ser les dieux, ou pour obte­nir des faveurs, offrent la matière d’intrigues mus­clées et de belles pos­si­bi­li­tés de péripéties.

À Stock­holm, une jeune femme quitte une cli­nique pour un nou­veau cha­pitre de son exis­tence, voire une renais­sance. Mais il lui reste une épreuve à affron­ter. Elle le sou­haite contre l’avis de sa psy­cho­logue et retrouve une jour­na­liste pour une inter­view. Celle-ci l’appelle Dr Lund et lui demande de com­men­cer… par le com­men­ce­ment.
Elle a perdu ses parents alors qu’elle n’avait que trois mois. Adop­tée par un couple, elle a été choyée plus que de rai­son sans être, tou­te­fois, cou­pée de ses ori­gines. Elle entame des études de méde­cine mais s’oriente vers le domaine légal. Munie de son diplôme, elle intègre l’institut de Göte­borg. Alors qu’elle est de garde, mal­gré le fait qu’elle soit novice, elle doit se rendre dans un coin perdu à trente kilo­mètres. De nom­breux poli­ciers sont sur place. Ce qu’elle découvre lui donne un aller simple pour l’enfer. Elle voit un corps d’homme mutilé accro­ché à un poteau et entouré d’un céré­mo­nial bien macabre.
Ce qu’elle constate à l’autopsie la ter­ro­rise. Tout a été fait pour que la vic­time reste vivante pen­dant les nom­breuses heures où le meur­trier la décou­pait. C’est un spé­cia­liste en archéo­lo­gie médié­vale qui apporte une expli­ca­tion. Il s’agit d’un sacri­fice rituel selon l’Ása­trú, La foi des Ases

En exhu­mant une croyance nor­dique, remise au goût du jour par un taré de la plus belle espèce, Antoine Trac­qui apprête une his­toire riche en élé­ments mys­tiques et mys­té­rieux. À cette base déjà riche en faits san­glants, il ajoute une belle part de méde­cine légale. C’est un domaine qu’il connaît et qu’il maî­trise, pra­ti­quant lui-même cette science en tant que méde­cin légiste spé­cia­liste en toxi­co­lo­gie.
Il place une jeune femme, tout juste diplô­mée, au cœur d’une sombre affaire et pousse le pro­pos jusqu’à mettre en dan­ger sa per­son­na­lité et sa per­sonne. Il ins­talle un scé­na­rio riche en don­nées obs­cures, uti­li­sant au mieux les vieux lan­gages, les alpha­bets anciens comme ces runes qui avaient cours dans un passé loin­tain. Il brouille quelque peu les pistes avec des don­nées mal uti­li­sées et ter­mine son récit par un final très tendu.

Le gra­phisme est assuré par un trio de créa­teurs ita­liens de l’Arancia Stu­dio, Fran­cesca Fol­lini pour le sto­ry­board, Paolo Antiga pour le des­sin et Anto­nino Gius­to­liano pour la mise en cou­leurs. Le des­sin est réa­liste au pos­sible, don­nant à voir les résul­tats des sacri­fices et le tra­vail de la légiste. Les traits sont pré­cis, que ce soit pour les pro­ta­go­nistes, la mise en scène des actions ou les décors repré­sen­tés au plus justes. L’organisation de la mise en pages est attrac­tive. L’ensemble gra­phique est tout à fait en osmose avec le scé­na­rio. Cette osmose est ren­for­cée par des cou­leurs adé­quates, met­tant en valeur l’atmosphère hivernale.

Ce pre­mier tome d’une série de trois albums met­tant en scène trois séries de meurtres et trois méde­cins légistes se découvre avec inté­rêt tant pour le cadre, le contenu de l’intrigue, le trai­te­ment de celle-ci, que le gra­phisme aussi gla­cial que les décors.

serge per­raud

Antoine Trac­qui (scé­na­rio), Paolo Antiga (des­sin) & Fran­cesca Fol­lini (sto­ry­board), Anto­nio Gius­to­liano (cou­leurs), Autop­sie — t.01 : Le Sacri­fi­ca­teur, Oxy­more Édi­tions, octobre 2024, 64 p. — 15,95 €.

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