(Comment interpréter les rêves ?)
Le jour, elle obéit à la lumière, à la chaleur, à l’eau — ses trois re-pères. La nuit, elle rêve abondamment, sans forcément élégance. Elle sait que je l’observe respirer : ça la révolte. Mais pourtant je dors : mon léger ronflement est ma totale soumission à l’air.
Le matin, elle classe ses songes dans son logiciel intime, flairant toute trace d’humidité dans ses images oniriques. Elle sait si bien le faire dès que le soleil les sèche, le format de l’aube est au prix élevé. Mais il reste toujours moins d’eau, toujours plus de lumière qui investit son corps dans les deux sens — vertical et horizontal.
Elle conquiert l’espace centimètre par centimètre dans sa roseraie plantée sous mon regard, à sa merci. Les épines de ses songes témoignent de son passé plus sombre. Ils se trahissent eux-mêmes lorsqu’elle les écrit laissant parfois un lapsus calami ou même rien qu’une lettre omise ou inversée. Cela prend quelques heures même si son orthographe reste irréprochable.
Mais elle m’appelle pour la relire en me traitant « son horreur ». Combien de temps dois-je attendre l’exécution? Aux pieds d’un tel bourreau, je me jette entre fleurs poussiéreuses, tintement de l’encensoir et les traces où chaque rêverie ne mène nulle part dans la maison de l’être.
jean-paul gavard-perret
photo Sergio Larrain
Délit cas Tess
(Comment interpréter les rêves ?)
Le jour, elle obéit à la lumière, à la chaleur, à l’eau — ses trois re-pères. La nuit, elle rêve abondamment, sans forcément élégance. Elle sait que je l’observe respirer : ça la révolte. Mais pourtant je dors : mon léger ronflement est ma totale soumission à l’air.
Le matin, elle classe ses songes dans son logiciel intime, flairant toute trace d’humidité dans ses images oniriques. Elle sait si bien le faire dès que le soleil les sèche, le format de l’aube est au prix élevé. Mais il reste toujours moins d’eau, toujours plus de lumière qui investit son corps dans les deux sens — vertical et horizontal.
Elle conquiert l’espace centimètre par centimètre dans sa roseraie plantée sous mon regard, à sa merci. Les épines de ses songes témoignent de son passé plus sombre. Ils se trahissent eux-mêmes lorsqu’elle les écrit laissant parfois un lapsus calami ou même rien qu’une lettre omise ou inversée. Cela prend quelques heures même si son orthographe reste irréprochable.
Mais elle m’appelle pour la relire en me traitant « son horreur ». Combien de temps dois-je attendre l’exécution? Aux pieds d’un tel bourreau, je me jette entre fleurs poussiéreuses, tintement de l’encensoir et les traces où chaque rêverie ne mène nulle part dans la maison de l’être.
jean-paul gavard-perret
photo Sergio Larrain
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