Pour Ettore Molinario, Carlo Mollino, est un génie absolu capable d’assumer son regard et ses photographies sur les « fantasmes d’un quotidien impossible ». Ses célèbres nus — à travers un jeu de reflets et d’harmonies profondes, — offrent la splendeur des corps. Mais c’est aussi autre chose face au mystère de l’appareil photo, que Mollino appelle « la boîte noire soupçonnée de trop de merveilles gratuites » comme si devant la création de tels doubles, nous étions seuls.
Son obsession pour la femme est un moyen de porter plus loin autant les femmes de Baudelaire dans la poésie que celles en photographie de Atget, Edward Steichen et enfin Man Ray, qu’il nomma l’« entomologue fou ».
Mais dans les photos de Mollino tout se passe dans le silence de la nuit ou de l’aube – « les feux de toute volonté éteints ». Si bien que le photographe, qui était aussi photographe astronomique, voit dans les femmes ses étoiles dans sa tentative de les maîtriser avec puissance, fragilité et merveilleux.
jean-paul gavard-perret
Carlo Mollino, DIALOGUES, Collezione Ettore Molinario — #39, Milan, 2024.