Richard Meier, Parlez-moi de vous

Pifs au mètre

Les com­bi­nai­son de Meier en ses taches, stries, cou­lures, témoignent « objec­ti­ve­ment » de sa mau­vaise foi proche par­fois d’une cer­taine abs­trac­tion et de l’esquisse. Il use – sans abu­ser – comme par hasard des cita­tions de Cage, Sha­kes­peare, pour que son rien à dire prenne le visage de par­leurs moins voyous du dix-neuvième jouant de la lame que des  hommes nez là où le souffle se détend sans cher­cher la moindre trace de repentir.

Quel plai­sir de « pro­non­cer » des phrases de la part de tels  « tarins ».  Moins d’ampleur que d’ enver­gure avec de rares plis de bour­sou­flures et bien plus en béances qu’en enche­vê­tre­ments, leur irré­fu­table évi­dence, au centre de la page sur un châs­sis de for­tune  accorde de leurs courbes exem­plaires et, en aparté, un ver­ti­gi­neux panache aux mots ponc­tué d’escarbilles d’ivresse ou d’aveux .

Contrai­re­ment aux cita­tions défiant la patine des ans, ils patientent au soin de paren­thèses de Meier et ce, en  des parents tels  figu­ra­tifs  par  contours inci­sifs et taillés à la serpe. Sous leur égide demeure le verbe mité par moi­tié, cas­sant ou non la tra­di­tion. Sou­doyant toute com­pli­cité sinon sous pré­texte de par­ler à l’auteur à titre d’agents si peu secrets ne par­lant d’eux, ils sont obli­gés à une peine d’inexpiable trahison.

Il est tou­te­fois aux lec­teurs pos­sible de pos­sé­der un style rece­vant l’imprimatur au som­met du foutre sidé­ral des balei­neaux de la lit­té­ra­ture inter­na­tio­nale par mor­ceaux. Les nez-pâtants d’encre de Meier ont de quoi dégur­gi­ter. Il leur ouvre semble-t-il la bouche mais leur  dit in petto  : Taisez-vous donc.
En consé­quence, par ses suites de  “est-ce Kiss ? ” (irré­pro­chables de pudeur), et par-delà les années de la lit­té­ra­ture, ceux qui devraient par­ler reviennent à leur point ini­tial, comme on le ferait d’un secret capi­tal. D’autant que l’auteur invite à l’aveu tel un confes­seur des beaux chais de vin de pros­pères messes mais rimées. Désor­mais, dans un tel ite raz tif,  on ne dira jamais assez ce que ce profil-âge doit au  lan­gage : non du verbe mais des des­sins (encres et taches — par­fois de vain).

jean-paul gavard-perret

Richard Meier, Parlez-moi de vous, Edi­tions Voix – Richard Meier, Elne, 2024 Lepo­rello, non paginé.

1 Comment

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One Response to Richard Meier, Parlez-moi de vous

  1. Villeneuve

    Meier est SUPER !

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