Les combinaison de Meier en ses taches, stries, coulures, témoignent « objectivement » de sa mauvaise foi proche parfois d’une certaine abstraction et de l’esquisse. Il use – sans abuser – comme par hasard des citations de Cage, Shakespeare, pour que son rien à dire prenne le visage de parleurs moins voyous du dix-neuvième jouant de la lame que des hommes nez là où le souffle se détend sans chercher la moindre trace de repentir.
Quel plaisir de « prononcer » des phrases de la part de tels « tarins ». Moins d’ampleur que d’ envergure avec de rares plis de boursouflures et bien plus en béances qu’en enchevêtrements, leur irréfutable évidence, au centre de la page sur un châssis de fortune accorde de leurs courbes exemplaires et, en aparté, un vertigineux panache aux mots ponctué d’escarbilles d’ivresse ou d’aveux .
Contrairement aux citations défiant la patine des ans, ils patientent au soin de parenthèses de Meier et ce, en des parents tels figuratifs par contours incisifs et taillés à la serpe. Sous leur égide demeure le verbe mité par moitié, cassant ou non la tradition. Soudoyant toute complicité sinon sous prétexte de parler à l’auteur à titre d’agents si peu secrets ne parlant d’eux, ils sont obligés à une peine d’inexpiable trahison.
Il est toutefois aux lecteurs possible de posséder un style recevant l’imprimatur au sommet du foutre sidéral des baleineaux de la littérature internationale par morceaux. Les nez-pâtants d’encre de Meier ont de quoi dégurgiter. Il leur ouvre semble-t-il la bouche mais leur dit in petto : Taisez-vous donc.
En conséquence, par ses suites de “est-ce Kiss ? ” (irréprochables de pudeur), et par-delà les années de la littérature, ceux qui devraient parler reviennent à leur point initial, comme on le ferait d’un secret capital. D’autant que l’auteur invite à l’aveu tel un confesseur des beaux chais de vin de prospères messes mais rimées. Désormais, dans un tel ite raz tif, on ne dira jamais assez ce que ce profil-âge doit au langage : non du verbe mais des dessins (encres et taches — parfois de vain).
jean-paul gavard-perret
Richard Meier, Parlez-moi de vous, Editions Voix – Richard Meier, Elne, 2024 Leporello, non paginé.
Meier est SUPER !