Je n’ai rien à quoi me rattacher ni de voie royale vers l’inconnu. Quant au désir, je le sens loin de moi. L’enjeu est de taille : les choses m’apparaissent mais le réel est un stratagème pour se faire connaître.
C’est une énigme en rien effet de ma volonté. Je n’essaie pas de le saisir : je me laisse traverser sans émotion ni joie particulière – juste un élan qui passe en une sorte de training autogène et un travail de concentration en différentes techniques. M’échauffer n’est pas seulement détendre mes articulations, réveiller mes organes, ni croire au corps de manière unitaire mais expérimenter la fragmentation.
Je peux apprendre chaque jour du nouveau par la mise en rapport de ma conscience et de mes sensations. Je suis en état de danser mais je peux aussi rester immobile pour me laisser advenir, être vu, regarder, avec de micro-mouvements de bouche, de mains, etc…
Mais en une telle immobilité apparente, essayez de rester vivants. Mettez-vous à l’écoute de votre vie interne quitte à faire un saut périlleux et atterrir sur la tête. L’injonction est ailleurs. Le corps est inconnu.
jean-paul gavard-perret
Photo : Aurélia Chéret