Julia Peker propose ce qu’elle nomme « un recueil de poèmes cliniques ». Psychologue clinicienne et psychanalyste, dans un Centre Médico-Psychologique où elle reçoit enfants et adolescents, chacun de ces poèmes reprend une consultation menée avec un enfant afin de souligner sa singularité.
Dans sa préface, Giovannoni remarque qu’une telle poésie « travaille directement avec les parts invisibles de notre psychisme». Cette écriture tente de réparer ce qui est blessé en profondeur et bricoler, s’il le faut, du provisoire, écrit la poète psychiatre, « même si c’est de peu, et surtout tenir dans le temps… pour que le chant puisse un jour reprendre ».
De telles poésies deviennent une source du travail thérapeutique là où se projette une réalité psychique. Il s’agit d’utiliser l’entretien et son écriture afin de déployer une créativité psychique pour leur ouvrir une marge de manœuvre en une dialectique thérapeutique . Par exemple, « dans ta bouche encombrée / les mots se collent à tes dents / brique sur brique / retenu vif / tu t’impatientes /sans trouver d’abri / dans tes yeux ouverts / la peur d’être vu / de trahir la main qui te berce / pas à pas je te fais signe / glisse entre deux lego où tu poses une fenêtre ».
Au-delà du « je » et du « tu » de l’entretien clinique, pour Jukia Peker la poésie est l’écriture du désir, suspendue à une adresse essentielle. Cela est une voie dans de telles remarques et constatations. Reste à savoir le degré suffisant d’une telle ouverture et proposition.
jean-paul gavard-perrret
Julia Peker, Marelle, dessins d’Ena Lindenbaur, préface de Jean-Louis Giovannoni, éditions L’Atelier Contemporain, collection «Littératures», Strasbourg, 2024, 176 p. — 23,00 €.