Ce qu’on scelle (pour un jeune poète)

Que les choses soient sans qu’on les dise. Laissons-les innom­mées : amour, caresses, voire un bai­ser, ce jour où des lèvres se col­lèrent. Par­lons la douce langue qu’est le silence sor­tant sourd des bords d’un abîme ou du plus vieux des son­nets où son jouir est sans l’entendre.

Sous pré­texte de chan­ter, les poètes estiment avoir des couilles en or. Néan­moins, le vrai élé­giaque canaille ne trace pas des lignes : il forge le silence. Beckett en témoigne.

Aidez-vous à deve­nir plus grand que lui ! Après, il en faut bien un qui s’égare des pôles magné­tiques. C’est ce qui se fait de pire, dit-on, puisque la parole s’absorbe, s’efface, se digère. La voici pure dans un monde enfin bipo­laire et autiste. Ce qui n’a pas lieu est ce qui est perdu (comme l’enfance et l’amour.)

jean-paul gavard-perret

Photo : Domi­nique Issermann

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