Nous vivons une langue au son très ancien et au centre harmonieux avec tout autour ses périphéries. Mais nous devons-nous résigner à accepter la sale langue qui nous entoure et qui règne ? C’est pour cette raison que nous ne pouvons pas savoir que nous vivons avec des voix trop directes. Quand elles nous appellent, elles se font indiscrètes mais ne profèrent aucun un mot à comprendre.
Elles n’appellent personne, et moi encore moins qu’un autre. Elles nous accompagnent sans raison et s’estompent avec suavité. À moins d’entendre l’enfer placé en plein cœur du paradis, nous pouvons tomber amoureux de ses erreurs au point d’en faire une raison de vie mais qu’à la fin cela signifie la vérité. Elle ne pourra plus jamais nous apparaître sinon comme volonté de mourir.
D’autant qu’il n’y a pas de vérité mais seulement des erreurs. La vérité est toujours ultime — ou pénultième. La machine tout entière de notre corps sert seulement à lui procurer l’interstice dans laquelle elle fait son nid. Nous sommes ses intercesseurs qui ne vivent pas et ne parlent pas la vie mais ses paroles nous sont la punition que les damnés de l’au-delà subissent pour expier leur faute.
jean-paul gavard-perret
Photo inconnue
Bien dit et bien écrit sans paroles ni musiques .