Le grand acteur et réalisateur Vincent Perez a d’abord étudié la photographie à Vevey avant de s’orienter vers le théâtre à Genève et est ensuite devenu l’élève de Patrice Chéreau au Théâtre Nanterre-Amandiers. Mais sa passion pour la photographie ne l’a jamais quitté. Il s’est imposé au fil des ans comme un photographe accompli et reconnu, concentrant ses recherches sur le portrait. Son travail a d’ailleurs été exposé en Russie, en Suisse, à Monaco, à Paris et à Arles et il a publié son premier livre de photographies Un voyage en Russie (2017).
Dans ce nouvel ouvrage, Vincent Perez porte son regard sur l’un des lieux les plus emblématiques de la bohème artistique de Paris : La Grande Chaumière, école d’art dont l’enseignement s’éloignait des principes académiques de l’École des Beaux-Arts et forma des artistes aussi différents que Louise Bourgeois, Miró ou Zao Wou-Ki.
Ici, un ensemble de nus à l’argentique réalisés en atelier rendent non seulement hommage aux innombrables modèles mais soulèvent également deux question : sous la transgression ne se cache-t-il pas toujours une régression ? De l’apparente subversion ne subsiste-t-il qu’une feinte de perversion ?
Mais pour Vincent Pérez, ces concepts sont inopérants. Ces photos sont beaucoup plus complexes. Dans une période de froidure et de repli moral, l’imagination du créateur imagine encore sans chercher une actualité brûlante de la nudité mais celle, en “ombres et lumières”, d’une forme d’absolue beauté.
jean-paul gavard-perret
Vincent Pérez, Ombres et lumières, Editions Skira„ 2024, 144 p. — 35,00 €.