Exercices d’admiration : entretien avec le photographe Boris Muskevich

Maître du por­trait de femme, Boris Mus­ke­vich rend même des pho­tos « com­mer­ciales » des œuvres ‘art. Ses pho­to­gra­phies dis­crè­te­ment intru­sives sont le fruit moins d’une tech­nique que d’une vision qui nous montre des incon­nues. Elles rayonnent de leur beauté. Elles passent devant nous d’un soleil à un autre. C’est comme si chaque pose est amou­reuse car l’artiste sait évi­ter à ses modèles des réti­cences incongrues.

La com­pli­cité semble tou­jours vivante. Une joie, une prise de conscience momen­ta­née arrivent lors d’une visi­teuse inat­ten­due. Boris Mus­ke­vich l’accueille et en prend soin non sans sou­li­gner un éro­tisme sub­til et pré­gnant. Chaque fois il révèle de nou­veaux délices. Et c’est comme si chaque regar­deur est invité à entrer et s’estime bienvenu.

Voir le Face­book et l’Ins­ta­gram du photographe.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait te lever le matin ?
L’envie d’avancer, de plus en plus loin

Qu’est-il arrivé à vos rêves d’enfant ?
Ils se sont incar­nés. Mais peut-être pas tous

Qu’avez-vous dû aban­don­ner ?
Des per­sonnes inutiles.

D’où venez-vous ?
Je suis né et j’ai grandi à Tal­linn, la capi­tale de l’Estonie, un petit pays chaleureux.

Qu’avez-vous reçu comme « héri­tage » ?
Les fan­tasmes de maman et la logique du père.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou pas ?
Deux fois par jour.

Com­ment définissez-vous votre art du por­trait fémi­nin et de l’érotisme ?
Il s’agit d’une ten­ta­tive de trou­ver un moment d’harmonie dans le chaos sans fin du monde.

Quelle image a retenu votre atten­tion en pre­mier ?
Pein­ture de l’artiste russe Mikhaïl Vru­bel :  “Démon assis”.

Et votre pre­mière lec­ture ?
J’ai com­mencé à lire assez tôt, et la pre­mière lec­ture était pro­ba­ble­ment l’abécédaire. Si on parle de lit­té­ra­ture fran­çaise, alors ce sont Paul Eluard et Boris Vian.

Quel genre de musique écoutez-vous ?
Je suis fan de Marie Lafo­rêt — qui mal­heu­reu­se­ment nous a récem­ment quit­tés — et ce genre en général

Quel livre aimez-vous relire ?
Je ne fais pas ça sou­vent. Le der­nier livre de ce type est « L’école des imbé­ciles » de Sasha Sokolov.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Non. Mais si on parle de cinéma en géné­ral, alors c’est “The Flying Dutch­man” de Ioz Stehling.

Quand vous vous regar­dez dans le miroir, qui voyez-vous ?
Cette ques­tion m’intéresse depuis l’enfance. Et je n’ai tou­jours pas de réponse.

À qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’ai tou­jours écrit à tous ceux à qui je vou­lais écrire. Je n’ai aucun pro­blème avec ça.

Quelle ville ou quel lieu a pour vous une signi­fi­ca­tion mythique ?
Saint-Pétersbourg.

De quels artistes et écri­vains êtes-vous le plus proche ?
Henry Mil­ler, Sasha Soko­lov, Vru­bel, Klimt.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ? .
Une bonne nouvelle.

Que défendez-vous ?
La liberté comme prin­ci­pale forme d’existence

Qu’est-ce qui vous ins­pire de la phrase de Lacan : « Aimer, c’est don­ner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
C’est une belle phrase, mais rien de plus.

Que pensez-vous de la décla­ra­tion de W. Allen : « La réponse est oui, mais quelle était la ques­tion ?
“Non” est beau­coup plus efficace.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Le plus important.

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 4 octobre 2024.

1 Comment

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One Response to Exercices d’admiration : entretien avec le photographe Boris Muskevich

  1. Filipp

    Merci, c’est intéressant !

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