Maître du portrait de femme, Boris Muskevich rend même des photos « commerciales » des œuvres ‘art. Ses photographies discrètement intrusives sont le fruit moins d’une technique que d’une vision qui nous montre des inconnues. Elles rayonnent de leur beauté. Elles passent devant nous d’un soleil à un autre. C’est comme si chaque pose est amoureuse car l’artiste sait éviter à ses modèles des réticences incongrues.
La complicité semble toujours vivante. Une joie, une prise de conscience momentanée arrivent lors d’une visiteuse inattendue. Boris Muskevich l’accueille et en prend soin non sans souligner un érotisme subtil et prégnant. Chaque fois il révèle de nouveaux délices. Et c’est comme si chaque regardeur est invité à entrer et s’estime bienvenu.
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Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait te lever le matin ?
L’envie d’avancer, de plus en plus loin
Qu’est-il arrivé à vos rêves d’enfant ?
Ils se sont incarnés. Mais peut-être pas tous
Qu’avez-vous dû abandonner ?
Des personnes inutiles.
D’où venez-vous ?
Je suis né et j’ai grandi à Tallinn, la capitale de l’Estonie, un petit pays chaleureux.
Qu’avez-vous reçu comme « héritage » ?
Les fantasmes de maman et la logique du père.
Un petit plaisir — quotidien ou pas ?
Deux fois par jour.
Comment définissez-vous votre art du portrait féminin et de l’érotisme ?
Il s’agit d’une tentative de trouver un moment d’harmonie dans le chaos sans fin du monde.
Quelle image a retenu votre attention en premier ?
Peinture de l’artiste russe Mikhaïl Vrubel : “Démon assis”.
Et votre première lecture ?
J’ai commencé à lire assez tôt, et la première lecture était probablement l’abécédaire. Si on parle de littérature française, alors ce sont Paul Eluard et Boris Vian.
Quel genre de musique écoutez-vous ?
Je suis fan de Marie Laforêt — qui malheureusement nous a récemment quittés — et ce genre en général
Quel livre aimez-vous relire ?
Je ne fais pas ça souvent. Le dernier livre de ce type est « L’école des imbéciles » de Sasha Sokolov.
Quel film vous fait pleurer ?
Non. Mais si on parle de cinéma en général, alors c’est “The Flying Dutchman” de Ioz Stehling.
Quand vous vous regardez dans le miroir, qui voyez-vous ?
Cette question m’intéresse depuis l’enfance. Et je n’ai toujours pas de réponse.
À qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’ai toujours écrit à tous ceux à qui je voulais écrire. Je n’ai aucun problème avec ça.
Quelle ville ou quel lieu a pour vous une signification mythique ?
Saint-Pétersbourg.
De quels artistes et écrivains êtes-vous le plus proche ?
Henry Miller, Sasha Sokolov, Vrubel, Klimt.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? .
Une bonne nouvelle.
Que défendez-vous ?
La liberté comme principale forme d’existence
Qu’est-ce qui vous inspire de la phrase de Lacan : « Aimer, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
C’est une belle phrase, mais rien de plus.
Que pensez-vous de la déclaration de W. Allen : « La réponse est oui, mais quelle était la question ?
“Non” est beaucoup plus efficace.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Le plus important.
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret, pour lelitteraire.com, le 4 octobre 2024.
Merci, c’est intéressant !