Olivia-Jane Cohen, Présences et autres présences

Au-delà des fantômes

Aux sources de bien des dis­tor­sions du réel et de la lettre, Olivia-Jane Cohen donne des leçons poé­tiques de choses et d’êtres. Elle offre une hos­pi­ta­lité aux parures céno­bites voire dénoue le fil des adages. Telle une Emily Dickin­son, elle fait entrer dans des rêves qui sortent le monde des contraintes. Ses visons nous égarent sans qu’une telle créa­trice ait besoin de débri­der ouver­te­ment ses fantasmes.

Une aube créa­trice impose aux pré­sences une joie buis­son­nière pour des noces de Cana au sein de méandres, de traits et d’ellipses. Elles deviennent vives, inci­sives, pré­gnantes là où le lan­gage pousse des ailes au lan­gage par­fois dilu­vien. L’artiste les greffe sur son omo­plate ou en plein cœur, pour rendre aux mots de toute tribu une consis­tante qu’ils n’auront jamais.
Elle sait jouer des épures et des lueurs d’incendie, soit pour atté­nuer cer­taines érup­tions vol­ca­niques d’âmes aigres, soit pour réchauf­fer des “paroles gelées” chères à Rabe­lais. Des pré­sences sont prises de ver­tige grâce aux élan­ce­ments d’une créa­trice qui met au besoin le bas en haut et la dia­blesse dans ses détails.

Chaque pré­sence est un (re)commencement, un raid dans l’inarticulé. (jusque là) Existe chez Olivia-Jane Cohen la pré­ci­sion du sen­tir, de l’émotion et ce qui est à conqué­rir. Existe aussi une remon­tée pour recou­vrer ce qui fut perdu, oubli é–  mais pas que. Existe dans les inter­stice une pré­sence lan­ci­nante qui est ni gain ni perte. Cela est son affaire — la nôtre aussi.
Ces pré­sences font accé­lé­rer le temps perdu. Celle de la pause café, celle du café tout court, de la décep­tion, du lit, du res­tau­rant, de quai du métro, celle à la plage, celle en forêt. Celle du par­tage dont le lec­teur peut sai­sir bien des occa­sions. Bref, les pré­sences du nulle part passe au par­tout.
Plus une heure ne passe sans elles, pas une jour­née sans l’apprécier. Comme un sou­la­ge­ment, récon­fort. Une déli­vrance aussi, peut-être. Olivia-Jane Cohen est là.

Jean-paul gavard-perret

Olivia-Jane Cohen, Pré­sences et autres pré­sences, Edi­tions Rafaël de Sur­tis, Cordes sur Ciel, 2024 — 17,00 €.

2 Comments

Filed under Chapeau bas, Poésie

2 Responses to Olivia-Jane Cohen, Présences et autres présences

  1. Villeneuve

    Des visions qui agissent en sur­vi­vances , voire rési­liences , des temps pas­sés JPGP n’ est plus hanté mais tout sim­ple­ment habité .

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